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LA PESTE DE LA FUITE EN AVANT

par Abdou BENABBOU

Le gouvernement semble mettre en priorité le cap vers le renforcement des mesures sociales. Sa première préoccupation est compréhensible comme l'est sa hantise devant l'ébullition revendicatrice d'une population convaincue à tort ou à raison qu'elle n'a pas bénéficié d'un partage équitable des richesses du pays. La peur du pouvoir de faire face à la jacquerie qui frappe aux portes explique sa particulière générosité sans cesse renouvelée. Mais trop insister sur ce chapitre en période de disette ne peut que sous-entendre un danger latent car on voit mal d'où l'Etat ira-t-il puiser le financement qu'exigent des demandes sociales incommensurables d'une population coincée entre le préconçu de la rente et une activité économique à plat ventre.

La planche à billets ou le recours à l'endettement extérieur seraient des palliatifs dont la finalité mènerait droit vers un immobilisme en contradiction avec la nécessité d'un pays soumis à l'obligation de retrousser ses manches. L'exemple donné par l'adulte Sonelgaz qui dit vouloir opter pour un endettement étranger pour poursuivre son développement alors qu'elle est chargée par des milliers de milliards de créances que lui doivent des consommateurs est un flagrant signe d'inconséquence et de fuite en avant. Aucune magnanimité ne saurait être prêtée à l'adresse de cette véritable institution même si à l'image de l'Algérie, elle fait face au dogme qui impose la réclamation du beurre et de son argent.

Des mesures fiscales, supposées permettre un accompagnement avantageux, sont annoncées en faveur du secteur productif. Elles seraient d'ores et déjà frappées du sceau d'une inefficience imposée par un circuit économique où seule une poignée limitée d'acteurs est visible. Le reste, tout le reste impose le dictat de l'ombre où l'effort et la sueur et encore moins celui du patriotisme n'ont aucun sens. Continuer dans cette direction est à l'évidence le summum du bluff économique dont il faudra inévitablement en payer le prix cher. Le seul bénéfice à en tirer par l'Etat est de retarder la déflagration sociale qui ne sera plus tard que plus importante.

Prendre le taureau par les cornes présagerait un sauvetage ardu. Il sera question du chamboulement en règle ordonné des structures politiques, économiques et sociales du pays.