La présence d'Andy Delort au sein de l'équipe nationale de football (joueur qui a laissé, avant-hier, une très bonne impression contre la Tanzanie) fait plaisir à voir également pour une raison extra-sportive. Cet homme qui est né à Sète, au sud de la France, et dont le patronyme a choqué peut-être quelques oreilles «lepenistes» bien de chez nous, a ardemment voulu obtenir la nationalité algérienne et porter les couleurs des Verts, à une époque où de nombreux Algériens (y compris des personnalités) rêvent de devenir Canadien, Chinois ou Turc.

«Ma démarche est personnelle et familiale. Je suis né d'une mère française dont les parents sont originaires d'Oued Rhiou, à une heure de Mostaganem» a expliqué récemment la nouvelle recrue des Fennecs à un journal parisien, pour justifier pourquoi il souhaitait être un des nôtres. Qu'importe alors qu'il n'ait pas exactement la même histoire, le même vécu collectif, la même mentalité ou la même confession que nous, le puissant désir qu'il a exprimé suffit pour lui ouvrir, très grands, notre cœur et notre porte.

Andy Delort apporte à l'Algérie, en plus de son talent, cette espèce de «singularité» dont nous manquons aujourd'hui terriblement. «Et le progrès se fait à la pointe extrême du singulier» plaidait un célèbre écrivain. L'Algérien voyage, heureusement, fait l'expérience de la non-homogénéité du monde, mais dès qu'il retourne chez lui, il s'aperçoit que son pays manque de cette diversité, de cette «fraîcheur du large» que ramènent avec eux, par exemple, les touristes étrangers. A l'exception de la Libye, l'Algérie, pour des raisons que tout le monde connaît, est le seul pays du Maghreb dont la population a le moins d'occasions d'accueillir et de côtoyer des étrangers, et donc de s'enrichir de leur différence culturelle et de leur apport humain, tout simplement.

L'Algérie qu'a choisie Andy Delort est ce pays dont nous voulons être encore plus fiers, l'Algérie qui attire et séduit, pas celle que l'on souhaite quitter, l'Algérie qu'on désire rejoindre, pas celle que ses propres enfants veulent fuir, l'Algérie qui aime ceux qui l'aiment, qui a les bras grands ouverts, fraternelle, belle, accueillante.