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BRAS D'HONNEUR

par Abdou BENABBOU

A considérer qu'elle en soit une, la dimension nationale algérienne ne méritait-elle donc malheureusement que ça ? Une de ses représentations constitutionnelles en l'occurrence l'Assemblée nationale censée être un des principaux noyaux vitaux de la plus névralgique articulation du pays s'affiche en ce moment comme une colonie où la majorité des estivants se complaisent dans d'infantiles chamailleries des rues. Après l'épisode de ses portails cadenassés, voilà celui de son bâillonnement pour empêcher qu'une séance plénière soit tenue. A l'origine de ce fait, des députés ayant la mainmise sur cette fausse auguste assemblée ont décidé d'amplifier une fâcherie contre leur président pour un énième divorce. Il a fini par démissionner de la présidence sachant que les chaînes et les cadenas ont une équidistance avec l'intelligence du moment.

Peu importe les motifs et les griefs qui sont derrière cette volonté de bannissement répétée devenue culture et une sauce maison. Les péripéties du genre n'étonnent pas quand on sait comment la représentation politique se fabrique et se construit et quand on a une idée précise sur le profil et la consistance réelle de la majorité de ceux qui sont censés représenter le peuple. Le récent badigeonnage de la prison d'El Harrach et celui de tous les tribunaux du pays sera un coup d'épée dans l'eau si l'atelier de fabrication des lois n'est pas dialysé.

Au vu de la grave situation du pays, il serait incongru de se fourvoyer dans de secondaires et stériles justifications à propos d'improductives luttes intestines qui ne sont animées que par des cupidités individuelles qui restent en conformité avec le troc entre milliards trébuchants et sièges de députés.

La phénoménale tare continuellement observée souligne un trop lourd paradoxe au moment où une nation entière est à la recherche d'une normalité pour renouer avec la paix, la justice et la sérénité. Garder encore les petits calculs politiciens et l'esprit de loubards comme socle pour redéfinir une société mise à mal pendant des décennies est une gabegie et un bras d'honneur face à tous les efforts supposés initiés pour un retour à la raison et à la conformité.