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Démission de Bouchareb: la belle affaire pour le FLN ?

par Kharroubi Habib

Mouad Bouchareb, président de l'Assemblée nationale, l'un des « 3B » dont le mouvement citoyen réclame chaque vendredi avec constance le départ, a finalement déposé sa démission. Il n'a pas pris sa décision pour exaucer la demande populaire l'englobant mais parce que contesté et lâché par ceux-là mêmes qui l'ont propulsé au perchoir de la chambre basse et avaient applaudi à son intronisation à la tête du FLN après la destitution de l'impayable Djamel Ould Abbès.

Pour justifier leur lâchage, ses ex-soutiens ont prétendu qu'ils traduisent ainsi leur pleine adhésion aux revendications du mouvement populaire. Le désormais ex et éphémère président de l'APN n'est pas défendable tant en servile et zélé affidé de Bouteflika et de son clan il s'est illustré par l'arrogance méprisante dont il a fait preuve dans son soutien à l'extravagant projet de cinquième mandat. Qu'il ait été contraint à la démission n'aurait pas appelé à s'étendre sur elle, si le motif dont se sont prévalus ses ex-appuis et thuriféraires pour le forcer à la déposer ne paraît pas avoir été mis en avant pour une opération d'enfumage à destination de l'opinion publique visant à créditer que la nouvelle direction du FLN avec à sa tête le tout aussi contesté Mohamed Djemai a irrévocablement ancré le parti dans le camp du mouvement populaire. S'il est ainsi, pourquoi alors ce parti, son chef et ses élus réduisent-ils leur prise en compte de l'exigence populaire du « dégagez » pour les « 3B » au seul cas de Mouad Bouchareb ?

La déclaration de « repentance » et d'excuse faite par Mohamed Djemai, le « tombeur » de Bouchareb, au nom du FLN au peuple algérien aurait revêtu un accent de sincérité si en même temps qu'il engageait son opération pour faire déchoir de son perchoir le contesté président de l'APN, il avait demandé haut et fort les départs aussi de Bensalah et de Bedoui.

En réalité, Djemai, les députés FLN et ceux d'autres obédiences partisanes qui se sont coalisés pour faire tomber l'insignifiant « troisième » personnage de l'Etat ont exécuté sur instigation une opération destinée à détourner des « deux B » restants la vindicte populaire et à faire croire que le FLN, pilier historique du système et du régime dont les Algériens veulent se débarrasser, a viré sa cuti et s'est rangé au côté du peuple pour créer les conditions d'un changement politique radical et de l'avènement d'une nouvelle république. En vérité, le FLN n'est pas près de quitter la maison de l'allégeance mais seulement à prodiguer sa soumission qu'il a manifestée à Bouteflika à celui ou ceux qui ont ramassé son pouvoir déchu.