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C'est la fin de tout un système!

par Kamal Guerroua

Le peuple a dit son dernier mot en ce 8 mars et il doit être entendu. L'urgence de la situation implique une prise de décision positive et en phase avec les aspirations populaires. Maintenant que l'histoire du cinquième mandat est enterrée, il convient de regarder, résolument, vers l'avenir et de détacher l'Algérie ad vitam æternam de ce système véreux qui l'aurait mise à terre et rendue la risée du monde entier. Le système, ce n'est pas que Bouteflika! C'est tout cet establishment aux contours mal définis qui gérait par procuration le pays depuis l'indépendance, se nourrissant des divisions du peuple, de l'assentiment obséquieux de clans satellitaires voraces et de la bénédiction des puissances occidentales attirées par les richesses nationales.

Ce sont toutes ces écuries d'Augias qu'il faudrait nettoyer dans les années qui viennent. Pour ce faire, il est nécessaire de voir une restructuration profonde de toute la société se mettre en place, s'appuyant sur les apports fructueux des compétences intérieures et celles de la diaspora. Les jeunes Algériens doivent être le fer de lance dans cette opération et l'acteur principal, pendant toutes les phases de la construction démocratique en cours. L'idéal de la démocratie, quoique, peut-être, s'étalant sur un long chemin, sera avec la convergence des luttes et des initiatives, facile à atteindre. Ceux d'en-bas ont prouvé leur maturité et leur civisme et il ne reste à ceux d'en-haut qu'à prendre leur responsabilité devant l'histoire. La grande muette est la première des concernées et son silence sur cet abus d'autorité du clan gouvernant sera dorénavant mal interprété. Il est temps de mettre le holà aux tours de passe-passe, aux magouilles et aux pratiques clientélistes, prébendières, corrompues, rentières qui ne sont pas dans l'intérêt suprême de la nation.

Le retrait de la candidature de Bouteflika sera, sans aucun doute, le prix de ce sacrifice et il faut se féliciter que le peuple ait exprimé son rejet, dans le plus grand calme, et avec civisme et vigilance. Le soleil algérien a brillé durant ces dernières trois semaines de manière éclatante, remisant au placard, d'un côté les mauvais desseins des usurpateurs de la conscience du peuple à la tête d'appareils d'État verrouillés ; de l'autre, il a montré au grand public la lâcheté de tous ces fatalistes qui n'ont jamais cru un jour en un sursaut algérien. Or, personne n'a le droit de sous-estimer le génie d'un peuple. Le nôtre est, pour dire vrai, tout simplement merveilleux, fabuleux, incroyable. Qui pourrait dire le contraire? Personne, plus personne. Note complète à toutes ces marques de solidarité, à cette organisation impeccable, à ces signes de liesse dans un pays que d'aucuns, d'ici ou ailleurs, ont pourtant cru à terre, incapable de joie ou de mobilisation. Le changement, c'est maintenant.