Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

La chronique de la jungle

par Moncef Wafi

Qu'est ce qui marche de travers dans ce pays ? Tout diriez-vous. A lire les journaux ou ce qu'il en reste d'encore debout, on a l'impression de vivre dans un pays en état de guerre permanente, au milieu d'une population qui ne reconnaît ni la loi de Dieu ni celle des hommes. L'ambiance d'une jungle, livrée à une horde de chacals et de hyènes, survolée continuellement par des vautours en repérage des carcasses de l'économie nationale, prêts à tout dévorer, les os aussi.

C'est ça qu'est devenue l'Algérie d'aujourd'hui. Pas seulement, puisque la déliquescence est aussi vieille que les appétits voraces des prédateurs. Les volte-faces, les retournements de situation, les rétropédalages ont renforcé cette image d'un pays à la recherche de sa canne blanche. Tout désespère dans ce magma putride fait de rapines et de détournements, chaque nouvelle vous donne un peu plus la nausée de ce qu'est devenue l'Algérie.

A force de permissivité, d'incompétence et de compromission, l'Algérien est devenu un figurant de la vie. Un simple faire-valoir, une statistique perdue dans les tiroirs d'en haut. Liberté confisquée, parole volée, le quotidien du citoyen est ainsi fait de privations et de brimades en tous genres, précipitant le pays dans un reflet négatif et projetant son ombre menaçante sur sa pérennité. Si le pouvoir est responsable de cette situation, l'incivisme des Algériens a contribué largement à ce statut de pays en décomposition avancée rendant plus délicat encore le temps d'y vivre.

Cette tendance de tout s'accaparer, de l'espace public au couffin du ramadhan, cette envie d'épier le voisin et de jeter ses ordures à sa porte, cette incapacité chronique à vivre ensemble ont définitivement scellé l'identité nationale. Pourtant, l'Algérie continue de vivre malgré tout, de rester debout contre toute logique. Jusqu'à quand ? Et dans quelles conditions ? Les appels à la partition, au dépeçage du pays et au bradage de ses richesses ne manquent pas, faisant planer plus de vautours sur nos cadavres endormis. Les apprentis-sorciers nourris au sein de la division et du malheur ne cessent d'appeler au meurtre du pays, à la crémation de ses principes pour le plus grand bonheur des activistes sionistes. Et pourtant !