Le
chaos qui règne sur l'échelle des valeurs est à l'origine de profonds
bouleversements de la vie socioéconomique. Nous vivons une époque où les
citoyens sont, parfois, stressés, mécontents, prêts à vous exploser au visage,
pour un oui ou un non, tantôt vaquant à leurs occupations comme des automates,
sans aucune confiance ni en soi, ni en l'autre, rarement l'air souriant.
Pourquoi ? Parce que rien, personne, n'est à la place qui lui sied. Rien ne va
comme on le souhaite ou comme le veut la logique. C'est décourageant de faire
de longues études pour se retrouver, en situation de chômage, au bout du cursus
universitaire. Et, on est, encore, plus abattu quand on se retrouve, en bout de
parcours, à comparer entre celui qui a fait des études et celui qui a quitté
les bancs de l'école, à son jeune âge, ou entre un citoyen sage et gentil avec
un autre qui n'a pas froid aux yeux et qui use de tous les moyens pour arriver
à ses fins. Parfois, bénéficiant de l'appui de gens bien placés, il se
retrouve, miraculeusement, propulsé en haut de la hiérarchie, sans maîtriser
son sujet. On se retrouve, donc, au bout, à se demander comment faire pour
réussir dans la vie, dans ce pays ? Choisir une vie studieuse ou aller dès son
âge, s'imprégner des affaires scabreuses dans les milieux sans foi, ni loi ?
Des parents arrivent, difficilement, à convaincre leurs progénitures de faire
des études si une autre opportunité, commerciale ou autre, leur est présentée
par le fils ou la fille. L'exemple du voisin qui roule en voiture rutilante et
qui gère un lourd portefeuille, sans jamais avoir mis les pieds dans un lycée
ou une université, est vite donné en exemple, par le fils ou la fille, lorsque
le père se montre trop rigide sur la question des études. Et, il faudrait,
franchement, faire preuve de beaucoup de talent et d'ingéniosité pour expliquer
aux jeunes, et les convaincre surtout, que l'exemple est mauvais et qu'on peut
réussir dans la vie après des études brillantes à l'université. On ne peut,
bien sûr, jamais leur faire entrer dans la tête cette vision, mais ils s'y
feront à défaut d'autres options disponibles. Ils iront à l'université, et ils
finiront avec un Smig. Alors que le copain du quartier a commencé sa vie dans
un petit commerce informel et qui s'en sort très bien en ayant amassé durant
des années un pactole qui le met à l'abri du besoin, malgré son jeune âge. Et
un autre qui a réussi en politique et s'est introduit dans les rouages institutionnels,
en réussissant, à peine, à reproduire sa signature. Ils sont mieux respectés
dans la société que notre diplômé qui a usé son pantalon sur les bancs de
l'école et à l'université. Une société aux valeurs renversées d'une manière
systématique donne, forcément, un peuple déboussolé. On ne sait plus quelle
direction prendre pour arriver à bon port. D'où l'instauration d'un
environnement général repoussant, pas du tout harmonieux. Et, comme l'harmonie
sociale joue un rôle décisif dans le façonnement des esprits et des relations
humaines, entre les uns et les autres, on est bon pour le purgatoire.