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Regard extérieur

par Moncef Wafi

Actualité oblige, le sujet premier du pays est celui des législatives. De la campagne pour être précis. Si l'intérêt est loin d'être populaire, il n'en demeure pas moins crucial pour un parlement appelé à défendre les Algériens pour un quinquennat qu'on annonce délicat et conflictuel. Si la première semaine de la campagne s'est déroulée dans la morosité ambiante, les Algériens plutôt intéressés par le nom du futur sélectionneur des Verts que par les discours creux des candidats et des chefs de parti, la surprise, mauvaise, faut-il le souligner, est venue de certaines formations politiques.

Outre le niveau des interventions, le manque de visibilité politique et économique des programmes, les Algériens ont fait connaissance avec des candidates invisibles pour la députation. Des femmes, futurs députés si cela se trouve, ont tout simplement refusé de mettre leurs photos sur les affiches électorales. Un manque de sérieux flagrant, quelle que soit la raison derrière, qui discrédite un peu plus des élections surveillées de près. Par ailleurs, et selon un quotidien arabophone, des experts de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international ont essayé de décortiquer les programmes partisans spécial législatives mais se heurtant à une absence de projets politiques et économiques chez les partis en lice. Les experts s'interrogeant même sur la finalité de leur participation aux urnes alors qu'ils n'apportent aucune proposition de sortie de crise ou d'initiatives sur la mise en place de mécanismes de surveillance des actions gouvernementales.

Prenant en référence les normes internationales, ils oublient que la spécificité tout algérienne ouvre la porte du Parlement à des gens chez qui la compétence et le savoir ne sont pas forcément le premier talent. Une parenthèse sur la prédominance de l'argent dans cette campagne, avec en toile de fond une impunité parlementaire et une assurance pour les bonnes affaires. Ces experts s'interrogent aussi sur cette scission dans l'opposition provoquée par le revirement des partis islamistes et de la mouvance démocratique et républicaine qui ont décidé de participer au 4 mai faisant ainsi voler en éclats la plateforme de Mazagran.

Vues du dehors comme de l'intérieur, ces élections sont vides de tout sens du fait même de l'indigence partisane, de l'absence de programmes sérieux et réalistes, du profil des candidats et du désintérêt populaire. Reste maintenant à écouter le courant du boycott attaqué de toutes parts aussi bien par l'ex-opposition que par les partis de la majorité sortante et de ses satellites.