Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

L'OIAC se discrédite par une enquête à distance

par Kharroubi Habib

Jeudi, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a déclaré qu'il est « inacceptable que l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) analyse à distance ce qui s'est passé à Idlib ». L'organisation onusienne mène en effet une enquête sur l'incident qui s'est produit à Khan Cheikhoun où la population civile a été victime d'un gazage aux produits chimiques dont le régime et l'opposition se rejettent la responsabilité, mais à partir du territoire turc, ce qui fait s'interroger comment elle pourrait déterminer qui en est le coupable.

L'étrange est que pour justifier la façon dont elle mène son enquête, l'OIAC a argué l'impossibilité pour ses enquêteurs à se rendre sur les lieux du « crime ». Ce qui peut se comprendre pour Khan Cheikhoun sous contrôle de l'opposition armée mais pas pour la base aérienne militaire d'El Chaayrate d'où auraient décollé les avions ayant prétendument fait usage d'armes chimiques sur la localité en question. Ayant accepté le principe d'une enquête internationale impartiale et détaillée à laquelle prendrait part bien entendu l'OIAC, le régime a en effet accepté que ceux qui la mèneront aient accès a la base aérienne. L'OIAC ne peut par conséquent avancer qu'elle se contente d'une enquête à distance parce que le régime fait lui aussi obstruction à une quête de preuves sur le terrain. Reste maintenant à savoir pourquoi l'OIAC serait empêchée d'enquêter à Khan Cheikhoun du moment que la localité est aux mains de la rébellion qui accuse le régime d'être le commanditaire du gazage de la population civile. Si les faits se sont passés comme l'ont prétendu la rébellion et les « Casques blancs » sa façade « humanitaire » pour les besoins de la propagande, l'OIAC devrait être accueillie à bras ouverts par eux pour être à même de confirmer les preuves accablantes pour le régime qu'ils sont censés détenir. Au lieu de cela, ils s'opposeraient à sa venue ce qui est la preuve qu'ils ont quelque chose à cacher.

Les puissances occidentales qui ont d'emblée pris position pour la thèse de la rébellion présentant le régime comme responsable du gazage n'ont pas cillé au fait que l'OIAC ait annoncé qu'elle ne peut se rendre à Khan Cheikhoun aux fins d'enquête sur un crime qu'elles imputent et avec hystérie elles aussi au régime. N'ont-elles pas elles aussi intérêt à ce que la vérité ne s'établisse pas sur ce qui s'est passé dans cette localité ? La rébellion qui contrôle la province d'Idlib est totalement sous la coupe de ces puissances qui la manipulent et l'utilisent dans leur guerre par procuration contre le régime syrien et ses alliés. Ne serait-ce pas elles qui lui ont soufflé le scénario d'une attaque aux armes chimiques à mettre sur le compte du régime ? Rien que cette hypothèse devrait moralement faire obligation à l'OIAC de ne pas se contenter d'une enquête à distance.

C'est sur les lieux du « crime » qu'il faut aller chercher les indices confondants pour les criminels et c'est ce que devront faire l'organisation onusienne et les experts indépendants et représentants des Etats parties prenantes au conflit syrien dont les Russes ont demandé la participation à son enquête. Mais il n'est pas acquis que les puissances ayant fait endosser au régime la responsabilité de ce qui s'est passé à Khan Cheikhoun donnent leur feu vert à la recherche de la vérité et à la désignation prouvée du vrai coupable.