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Jeunes, deux angles de vue séparés par la mer

par Abdelkrim Zerzouri

Les jeunes Algériens ne sont plus tentés par la «harga» vers l'Eldorado européen. C'est un rapport des organisations humanitaires espagnoles qui l'affirme, en signalant chiffres à l'appui que seulement 3.844 Algériens ont réussi la traversée de la mer Méditerranée et rejoindre les côtes de l'Espagne et l'Italie en 2016. Soit près de la moitié des ?harraga' qui ont rallié clandestinement le continent européen durant les années 2015 et 2014, où l'on a enregistré en moyenne annuelle une arrivée massive de 8.100 Algériens. Une nouvelle réjouissante pour ce qu'elle pourrait véhiculer sur le plan de la stabilité du pays et l'aisance socioéconomique, deux facteurs qui poussent les gens à tenter le tout pour le tout, servir de repas aux requins ou glisser vers des terres plus clémentes.

Mais, est-ce vraiment les raisons de ce recul de l'immigration clandestine des Algériens vers l'Europe ? Est-ce à dire que les Algériens se détournent de plus en plus de la ?harga' parce qu'ils se plaisent chez eux, ou serait-ce seulement de fausses statistiques livrées par ces ONG humanitaires, ou encore une autre raison, à chercher ailleurs, qui a fait chuter de 50 %, d'une manière rapide, voire brusque, le nombre d'immigrants clandestins algériens ?

En premier lieu, il faut relever que le renforcement du maillage sécuritaire aux frontières terrestres, aériennes et maritimes y est pour quelque chose dans cette réduction des harraga. Il est de plus en plus difficile de prendre le large à partir des côtes algériennes. Un dispositif dissuasif a été installé tout au long des côtes généralement prisées par les passeurs. Ce n'est, donc, en aucun cas une perte d'envie d'aller tenter sa chance sous d'autres cieux, même si l'aventure est très risquée et le résultat qu'on se sentira bien dans sa peau pas très certain.

La médiatisation de plusieurs cas de disparus, les mères qui les pleurent, y est pour quelque chose dans ce recul des statistiques des harraga algériens. Pour rien au monde un père ou une mère ne laisserait sa chair partir vers l'inconnu. Oui, bien sûr, cela aurait été mieux de dire pour rien au monde on n'abandonnerait les siens, le pays et cette terre si généreuse, contrairement à beaucoup de ceux qui la peuplent. Mais, toujours est-il, il y a un net recul des chiffres concernant les immigrants clandestins algériens qui ont atteint les côtes espagnoles et italiennes en 2016. Et, c'est un pas de positif.

Maintenant, le problème serait de leur trouver des issues ici, chez eux, pour qu'ils ne se transforment pas en monstres. Les jeunes ne partent plus en nombre et quelle que soit la raison ils se trouvent coincés dans leur pays, où ils sont condamnés de s'en sortir, de trouver un emploi, un logement, avoir des enfants et tant de préoccupations pour les pouvoirs publics, dont le rôle primordial est de gérer les affaires du pays. On devrait en faire une priorité des priorités de ce dossier des jeunes, véritable richesse pour certains pays, comme l'Allemagne qui a tout fait pour attirer sur ses terres un grand nombre de réfugiés, syriens, non pas totalement dans un élan humanitaire mais également par un calcul ou une stratégie qui vise un repeuplement du pays de la chancelière Angela Merkel, doit-on en convenir.

Une main-d'œuvre de jeunes, très débrouillards, et de futurs citoyens allemands admis d'office à la nationalité dans dix ou vingt ans, pour les petits enfants qu'on va s'atteler à formater sur leur « way of life », ou manière de vivre. Les jeunes vus sous deux différents angles, une richesse pour les uns et une grande préoccupation pour d'autres !?