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Question d'intérêts

par Moncef Wafi

L'Algérie joue son partenariat énergétique avec son premier client et tout porte à croire que les concessions devront se succéder ces prochains jours. A commencer par le deal avec le français Total passé avec le nouveau responsable de Sonatrach et l'attitude toute défensive de l'Algérie lors de l'ouverture des travaux de la deuxième réunion annuelle de dialogue politique de haut niveau sur l'énergie avec Bruxelles. Le ministre déployant toute son énergie à rassurer les partenaires à travers une capacité d'exportation intacte et dopée.

Fragilisée par la décision italienne de ne pas reconduire son contrat à long terme, impacté par la consommation du gaz en interne, l'Algérie se sait vulnérable sur le plan énergétique d'autant plus qu'elle est sous haute surveillance européenne. Bruxelles qui cherche à s'émanciper du gaz russe, particulièrement après l'épisode ukrainien et en perspective de la crise qui couve entre Moscou et l'Otan à cause du dossier syrien, garde l'Algérie en ligne de mire. La stabilité politique et sécuritaire du pays, le respect de ses engagements contractuels avec l'Union européenne, l'investissement exigé dans les énergies renouvelables et surtout une marche arrière concernant les marchés gaziers à long terme sont des motifs d'intérêts que nous porte l'Europe pour garantir sa sécurité d'approvisionnement. Un objectif primordial qui ne souffre d'aucune ambiguïté tant il est vrai que le discours européen à double tranchant est souvent servi comme entrée à toute discussion bilatérale.

Il ne fait pas de doute que l'Algérie part diminuée dans ce partenariat «stratégique», plombée qu'elle est par une balance budgétaire de plus en plus déséquilibrée et une paix sociale devenue trop chère à garantir. Lourdement affectée par la chute des prix du pétrole et la crise économique qui s'en découle, l'Algérie n'a pas trop d'alternatives dans le choix des armes et doit faire face à un marché férocement concurrentiel. Le gaz iranien et celui d'Azerbaïdjan, le gaz de schiste américain, les marchés spot internationaux et l'offensive de Gazprom et les tentatives de placement du gaz égyptien rendent la position algérienne délicate dans la mesure où une guerre des prix est déclarée.

Le pays se soumet aux exigences de Bruxelles, ouvre grandes ses portes à l'investissement étranger mais il est vite rattrapé par des appétits continuellement insatiables. Les Européens répondront à cette invitation par l'exigence de revoir le cadre réglementaire algérien d'investissement qui peut être perfectible pour capitaliser leurs investissements. Un climat des affaires à améliorer, en quelque sorte, emboîtant le pas aux demandes des Américains.