On peut
tomber partout sur la rapine, le détournement de deniers publics ou la
déviation d'un bien public de sa vocation fondamentale, mais le fléau sévit à
des degrés incroyables dans le marché de l'immobilier, du logement social, pour
être plus précis. Prenons un exemple concret, parmi tant d'autres formules de
réalisation de logements (AADL, LSP, LPP et le social locatif), les
ex-souscripteurs aux logements Cnep Immo, qui ont finalement obtenu leurs logements après
plusieurs années d'attente, et de nombreuses actions de protestation pour
dénoncer la lenteur d'avancement des chantiers, ne semblent plus aujourd'hui
très pressés de rejoindre leurs nouveaux quartiers ! Mieux, immédiatement après
la distribution des clés, des dizaines de logements ont été mis en vente ou en
location. Et rares sont les bénéficiaires qui ont occupé effectivement leurs
nouveaux appartements. Les ménages réellement dans le besoin d'un logement se
sont empressés de rejoindre leurs nouveaux quartiers le jour même de la remise
des clés. Ironie de l'histoire, ce n'est qu'après la distribution des logements
qu'on s'assure à fond qui est dans le besoin d'un logement et celui qui ne
l'est pas. Les différentes opérations de toilettage des listes, de contrôle et
d'enquêtes sociales ne sont pas fiables à 100%. Ceux qui se trouvaient dans le
besoin réel ont occupé leur logement alors même qu'ils y ont engagé une vaste
réhabilitation des espaces très mal conçus. Ils acceptent de côtoyer le ciment
et les gravats que de continuer à habiter chez des proches ou dans des demeures
louées au prix fort. Les choses s'éclaircissent, donc, après la remise des
clés, là on fait la part des choses, on verra clairement qui a réellement
besoin d'un logement et celui qui ne l'attendait que comme paquet de pognon.
Mais, c'est déjà trop tard pour rectifier la parade. L'indu-bénéficiaire
du logement dans le cadre social, la résorption de l'habitat précaire ou autres
formules aidées par l'Etat, rira à chaudes larmes de ce système social qui le
noie sous des liasses de billets de banque sans qu'il ait eu à fournir un
quelconque effort, hormis les quelques sit-in où il a joué une comédie de la
victime des insensibilités de l'administration et des entrepreneurs sans cœur
qui ne tiennent pas considération de sa détresse, mise en scène avec brio, en
laissant les chantiers du logement traîner dans les délais de réalisation.
Puis, passant du rire au sérieux, il commencera très vite à faire fructifier son
bien, mal acquis, en le mettant en location ou le vendant carrément, à la barbe
et au nez du système social. C'est un Algérien qui a détourné un logement
destiné à un autre Algérien véritablement nécessiteux d'un toit. Sans état
d'âme. La pratique est très répandue, malheureusement, dans notre pays. On ne
semble pas se rendre compte de ce gravissime comportement devant Dieu et les
hommes. On ira faire sa prière en toute tranquillité. Et, poussant le culot
plus loin, on trouvera matière à critiquer au passage tous les responsables qui
ne sont pas, bien sûr, exemptés des critiques des citoyens. Mais pas par ces
vautours qui détournent les biens à vocation sociale. Une société franchement
déboussolée, parce qu'ils ne sont pas nombreux ceux qui ne chercheraient pas à
faire partie de cette ?zerda' des vautours, des
voleurs de logements sociaux qui, hier, n'avaient pas de quoi se payer un bon
repas, se retrouvent au lendemain de la distribution des logements sociaux au
volant d'un 4x4. C'est pour cela qu'il ne faut jamais s'émouvoir outre mesure
devant les larmes de certains demandeurs de logements sociaux, qui recourent à
tous les moyens émotionnels, et peuvent aller jusqu'à s'engager dans des
actions violentes, pour décrocher une clé d'appartement attribuée gratis dans
un cadre de solidarité avec les cas de citoyens nécessiteux, et qu'ils vendent
au premier tournant. Un véritable fléau social qui menace sérieusement la
stabilité du pays. Enfin, aux dernières nouvelles, les OPGI, qui ont recensé
des dizaines de milliers de logements sociaux inoccupés ou occupés par des
personnes autres que les bénéficiaires, se sont engagés récemment dans une
opération de régularisation de l'illicite, soit l'établissement de documents au
nom des occupants qui ont acheté les logements sociaux auprès de leurs primo
bénéficiaires. Certes, le nombre des locataires, occupants effectifs de
logements, dont les arrêtés restent toujours inscrits sous les noms de leurs
primo bénéficiaires, est effarant, montrant l'ampleur du problème, mais il
n'est pas dit que la régularisation de l'illicite passe pour un meilleur
remède. On n'a pas fini de traire la vache.