Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

On n'est pas sorti de l'auberge !

par Ahmed Farrah

La vocation de tout parti politique est d'arriver à prendre le pouvoir pour mettre en œuvre son projet de société. Mais les choses ne sont pas aussi simples dans des pays où la culture démocratique traîne à prendre pour des raisons multiples. Le système politique actuel est né pendant la guerre de libération en ayant appelé toutes les formations partisanes à s'auto-dissoudre et à leurs militants d'adhérer individuellement au nouveau FLN. Après l'indépendance, Aït Ahmed (FFS) et Mohamed Boudiaf (PRS) s'en sont affranchis quoiqu'ils ne fussent pas en désaccord idéologique avec les premiers dirigeants du pays. Ils avaient contesté leur leadership à cause des divergences qui les ont opposés sur les mécanismes institutionnels fondateurs du nouvel État.

D'autres formations comme le PCA devenu ensuite PAGS et le courant islamiste ont continué d'exister dans la clandestinité alors que parallèlement le FLN n'était qu'un simple appareil qui n'arrivait même pas à avoir le contrôle sur les organisations de masse comme l'UGTA, l'UNFA ou l'UNJA? Ce n'est qu'au début des années 80 qu'il est redevenu ce parti politique omnipotent, traversé par des courants contradictoires qui n'ont pas vu venir au-delà d'eux, des mouvements contestataires et revendicatifs mais aussi populaires : l'un islamiste et l'autre culturel et identitaire. Au lieu de canaliser les mouvements réellement enracinés dans la société et ceux qui étaient dans la clandestinité et permettre aux courants démocrates et nationalistes du FLN, issus de l'UDMA et du MTLD, de créer de nouveaux partis, le pouvoir n'a fait que pérenniser le système en autorisant l'agrément à une mosaïque de partis virtuels pour casser tout élan démocratique. Trois décennies après, la décantation ne s'est pas encore totalement faite et les citoyens n'adhèrent pas toujours au discours révolu, d'un autre temps, que la génération, démographiquement majoritaire et bien connectée au monde numérique, ne comprend pas. La classe politique algérienne est restée figée dans son archaïsme et ne fait que ressasser les constats que tout un chacun fait. Elle serait incapable de proposer des idées nouvelles qui susciteraient l'engouement et l'enthousiasme qui créeraient l'espérance. Elle ne sera dans son rôle que le jour où elle sortira du carcan dans lequel elle est. C'est-à-dire l'image qui colle à la face et au verso, de ces individus totalement mus par la cupidité et le prestige d'arriver à se hisser au sommet du mont Everest pour se rapprocher des Dieux et devenir les maharajas des sherpas de la vallée. Le chemin paraît encore long?