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Spéculations et lapalissade

par Moncef Wafi

L'Etat veut déclarer la guerre aux spéculateurs de tous bords qui sont derrière l'augmentation des prix des produits subventionnés. Abdelmadjid Tebboune, le ministre du Commerce par intérim et accessoirement celui de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville, les a mis en garde les menaçant de «sanctions maximales». Le plus médiatisé des ministres actuels a tout simplement assimilé les infractions liées au non-respect des prix des produits subventionnés à un détournement de deniers publics et celui illicite de ses aides.

C'est dire l'inquiétude des pouvoirs publics face à une faune prédatrice spéculative qui exerce un monopole de fait sur des produits subventionnés, favorisant la pénurie à l'origine même de l'augmentation de ces marchandises dont les prix sont codifiés par l'Etat. Tebboune découvrira, horrifié, qu'en Algérie il suffit d'une panne technique d'une unité de production de ciment qui ne dépasse pas les 750.000 tonnes/an sur un total annuel de quelque 19 millions de tonnes pour que les prix prennent la tangente. C'est un peu à l'image de feu son prédécesseur qui avait appris à son corps défendant qu'un ministre de la République ne pouvait même pas fermer un restaurant coupable d'intoxication alimentaire, parce que protégé en haut lieu.

Le ministre du Commerce par intérim n'est vraiment pas au bout de ses (mauvaises) surprises puisqu'en abordant le dossier d'importation, il a été on ne peut plus tranchant sur le sujet. Selon lui, le gouvernement cherchait les meilleurs moyens de protéger l'économie nationale et préserver les ressources extérieures du pays. A ce propos, il a estimé que l'importation de marchandises produites localement désavantageait l'économie nationale mettant en avant la nécessité de rationaliser les importations. Une lapalissade de plus dans l'univers ubuesque du gouvernement Sellal.

En effet, et alors que Tebboune défend la production nationale, ce qui est naturel dans la logique de ses fonctions, en amont des directives sont données pour privilégier des importations sous le sceau du fameux CKD, trouvaille passe-partout de nos décideurs, au détriment de producteurs nationaux qui ont investi pour monter des unités et participer à la création de l'emploi direct et indirect. Cette dichotomie participe un peu plus à enlever les derniers lambeaux de crédibilité à un staff gouvernemental où chaque partie essaye de tirer son épingle du jeu en perspective des prochaines législatives.