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Sinistrose et défaitisme

par Yazid Alilat

Les enseignants font de nouveau l'actualité nationale. Hier lundi et encore ce mardi, c'est une journée à ?'blanc'' dans le secteur de Mme Benghebrit, devenue à son corps défendant une sorte de Don Quichotte, qui brasse du vent. Mais, le sujet qui fâche, cette fois-ci, c'est la revendication d'une retraite anticipée que veulent arracher les syndicats du secteur, alors qu'en face, on reste arc-bouté sur la position du gouvernement, même si « les portes du dialogue ne sont pas fermées ». Une situation qui devient, depuis quelques années, franchement inquiétante pour les parents d'élèves, qui pensent à juste titre, qu'ils sont les otages d'une situation ubuesque. La société algérienne, prise en otage par les uns, qui font usage de leur droit à la grève, mettant dehors des millions d'élèves, et les autres qui pensent qu'ils détiennent le pouvoir absolu de décider, unilatéralement. Entre les deux, il y a un pont humain que les protagonistes d'une crise systémique, dans le secteur de l'Education, en Algérie, piétinent avec une préoccupante indifférence.

La retraite anticipée, cette friandise socio-économique à laquelle ont eu droit des millions de travailleurs, que des bataillons et des divisions d'autres travailleurs algériens voient passer sous leur nez, sans qu'ils ne puissent esquisser la moindre réaction, l'âge étant un seuil fatidique. Quant aux autres, des centaines de milliers, qui ouvrent droit n'était-ce la nouvelle loi Sellal, ils sont au cœur d'un débat national, sans enjeu cependant, car l'Economie nationale va tellement mal que ceux qui « partent» définitivement, eh bien! Ils partent sans les primes, sans les sous qui permettent une retraite dorée. Sinon de voir venir.

Les calculs des uns et des autres font donc que les grèves cycliques des enseignants passent et repassent, sans grand effet sur l'amélioration de la scolarité, sans lendemains pour l'Ecole algérienne. Quitte à prolonger ce climat de sinistrose et de défaitisme qui s'est emparé de nous. Et que renforce l'absence de débat politique sur la vie de tous les jours des Algériens.