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48 heures pour voir

par Moncef Wafi

L'intersyndicale, en allant au bout de sa logique contestataire, ne peut plus faire marche arrière tant que ses revendications, du moins les prioritaires, ne sont pas pleinement satisfaites. C'est en tout cas le message fort envoyé par les 13 syndicats autonomes qui ont décidé d'aller au charbon en attendant l'adhésion, plus que probable, des autres sigles. Ces 48 heures de débrayage sont, quelque part, un véritable baromètre de ce qui va se passer lors des prochains jours. Même s'il est plus qu'improbable que la situation ne se décante dans les heures qui viennent, ces deux jours devront conditionner la suite du bras de fer qui s'est dorénavant engagé entre le bloc syndical et le gouvernement.

L'étrange silence des ministères concernés par ce mouvement, en dehors des tentatives de la ministre de l'Education nationale de désamorcer le conflit à son niveau, ne présage pas un retour en arrière du gouvernement qui campe sur ses positions. Les chiffres de la grève seront, comme à l'accoutumée, au centre d'une guerre psychologique entre les deux parties et les pressions de part et d'autre ne vont certainement pas manquer. Alors à quoi s'attendre de ce mouvement cyclique de grève ? Le plus probable est de voir les ministres dialoguer en aparté avec les syndicats de leur secteur, auquel cas le gouvernement pourrait toujours faire des concessions sur les autres revendications des syndicats à chercher dans le chapitre socioprofessionnel et «la protection du pouvoir d'achat des travailleurs et fonctionnaires, en particulier ceux aux faibles revenus».

Un scénario qui trahit la faible marge de manœuvre des pouvoirs publics attaqués de toutes parts sur la question de la réforme des retraites, de l'intérieur même de la majorité. En effet, l'une des demandes phares des syndicats reste le «rejet de la décision de l'annulation de la retraite proportionnelle et sans condition d'âge» ainsi que la «participation des syndicats autonomes dans la préparation du nouveau code du travail», deux revendications impossibles en l'état d'être acceptées par le gouvernement au risque de se discréditer un peu plus et surtout de créer un antécédent difficile à combler par la suite. L'intrusion des syndicats autonomes dans la prise de décisions risque de porter l'estocade finale à l'UGTA et de contrecarrer la politique résolument libérale de certains ministres de la République.

Quant au dossier de la retraite anticipée, le gouvernement se retrouve dos au mur du fait même de ses conséquences immédiates induisant une véritable hémorragie dans les effectifs et conduisant à l'érection d'un front commun. La dernière tripartite a réussi à unifier les syndicats là où les différentes approches internes ont échoué. Les Algériens restent pour le moment à l'écoute de ce qui va être décidé et plus que jamais ils ont l'impression qu'ils seront les premiers à en payer le prix.