On peut
créer tous ensemble en Algérie une force de changement d'une puissance
incroyable. On peut prendre en main notre destin. On peut fructifier et
capitaliser nos expériences passées pour un nouvel élan démocratique. On peut
réformer, innover... avancer. Tout cela serait possible pourvu que nous nous
mettions au boulot de façon sérieuse et appliquée. Et que nous associons la
jeunesse à l'œuvre de l'édification nationale. Regardons par exemple le Japon,
une des plus grandes puissances économiques du monde actuel. Avec peu d'atouts
(un relief très accidenté et sismique, une situation géographique peu
avantageuse, dureté du climat, etc) ; moins de moyens
énergétiques (il est pauvre en matières premières) mais beaucoup d'espoir, du
génie et de la volonté, il a pu réaliser un miracle économique que lui envient
tous les autres géants occidentaux, à commencer par les U.S.A. Et cela même si,
en plus, il est sorti complètement dévasté avec d'atroces séquelles (Hiroshima
et Nagasaki) au lendemain de la Seconde guerre mondiale!
Certains des nôtres, coutumiers du râle et du défaitisme à haut décibel,
objecteront sans doute à mon propos, en arguant que je suis idéaliste car
l'Algérie et le Japon, ce n'est pas du tout pareil ni dans l'esprit ni dans
l'histoire ni moins encore dans la manière de penser et que, forcément,
comparaison n'est pas raison. Si cet exemple semble exagéré, il nous incombe
peut-être alors de nous tourner cette fois-ci vers l'Indonésie ou la Malaisie.
Ces deux pays musulmans nouvellement émergents, appartenant de surcroît à la
même aire civilisationnelle et géostratégique que
nous «le Tiers-Monde» et si proches aussi de nous par nombre de
caractéristiques (la culture, la colonisation), se sont pourtant frayé
tranquillement un passage vers le progrès, la technologie, le numérique. Comment? Conscients de leur retard, ils ont mis en réseau de
connexion la politique, l'économie, la société, la culture et l'éducation.
C'est presque comme le modèle libéral de «Corporate University», avec, bien évidemment, des aspects qui
correspondent le plus et le mieux aux composantes spécifiques de leurs tissus
socio-culturels. Dans ces nations-là, on ne forme pas des cadres juste pour le
plaisir de les former mais pour qu'ils travaillent et s'engagent à servir la
collectivité. A ce titre, les centres de recherches sont en contact direct avec
les entreprises, la société civile, l'Etat, etc. De même, font-ils
régulièrement des études de perspective et de prospective sociale,- chose
inexistante chez nous-. Ils tracent, de la sorte, la voie vers l'avenir, le
développement et une certaine «ingénierie sociétale». Celle-ci est conçue comme
«le management moderne de la société», voire sa médecine guérisseuse. Cela est
d'autant plus fondamental pour eux que l'orientation et la gestion des ressources
humaines est l'une des tâches les plus délicates en ces temps modernes. En
fait, rien n'est aussi compliqué que de réformer le moral et les comportements
des citoyens. Un travail de longue haleine, mille fois exigeant et à risques.
Or, justement le problème de l'Algérie comme dirait un de mes amis est dans «le
métal de l'homme»! Lequel est en train de s'oxyder de
façon incroyablement irréversible. Un corps malade dans lequel les bonnes
valeurs ne peuvent se diluer, hélas !