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Khamenei a-t-il voulu faire capoter la réunion informelle d'Alger?

par Kharroubi Habib

Quand la proposition a été faite de la tenue d'une réunion informelle de l'OPEP en marge du 15ème Forum international de l'énergie prévu du 26 au 28 septembre à Alger, rares ont été les observateurs à croire que l'initiative allait être favorablement accueillie par l'Arabie saoudite et l'Iran, deux Etats producteurs sans l'accord desquels aucun arrangement visant la stabilisation des prix du pétrole n'est possible. Les deux pays ont pourtant accepté d'y prendre part, ce que le marché pétrolier a considéré comme étant l'indice que l'OPEP pourrait parvenir à Alger à une entente sur le gel de la production de ses membres. Une décision que des pays producteurs tels l'Algérie et le Venezuela ont vainement demandée dès que le marché du pétrole a donné le signal que l'effondrement des cours devenait inéluctable.

Cette décision, les autorités algériennes plaideront évidemment en sa faveur lors de la réunion informelle d'Alger. Elles la considèrent néanmoins comme un « minimum » de la part des pays producteurs et tenteront de ce fait de convaincre l'OPEP de faire plus que décider du gel de sa production. Cette demande de l'Algérie, son ministre de l'Energie Noureddine Bouterfa l'a par avance justifiée en déclarant qu'un « prix du pétrole inférieur à 50 dollars n'est pas acceptable et n'est favorable ni aux pays producteurs ni à l'économie mondiale dans son ensemble ». Il n'y a qu'une réduction de la production de pétrole qui permettrait d'éponger le surplus d'offre qui a tiré vers le bas les prix de l'or noir. Le seul gel de cette production à ses niveaux actuels n'est pas suffisant pour hisser les prix du pétrole au niveau entrevu par le ministre de l'Energie comme étant acceptable.

Il n'est pas certain pourtant que les partisans au sein de l'OPEP d'une réduction de la production obtiennent satisfaction.  L'Arabie saoudite et l'Iran qui n'excluent plus un gel de la production de l'OPEP ne semblent pas disposés à faire plus, même s'ils ont laissé entendre qu'ils sont ouverts à la discussion d'une démarche de l'OPEP dépassant le stade du gel de la production à son niveau actuel.

L'Arabie saoudite se déterminera sur la proposition de réduction de la production de pétrole en fonction de ce que l'Iran ainsi que des Etats grands producteurs hors OPEP adopteront comme position, car déterminée à conserver intacts ses parts du marché. L'Iran qui a certes enfin admis le principe d'un gel de la production de pétrole maintenant que sa production a pratiquement retrouvé son niveau d'avant les sanctions et l'embargo auxquels il a été soumis ne veut pas d'une décision qui réduise celle-ci.

Il y a lieu par conséquent de relativiser la portée de la déclaration de son ministre du Pétrole affirmant la disponibilité de son pays à soutenir toute décision prise par la réunion informelle d'Alger dans le but de stabiliser les prix sur le marché du pétrole. D'autant que depuis l'entame des tractations en vue de la tenue de la réunion informelle de l'OPEP à Alger, Téhéran n'a cessé de souffler le chaud et le froid. Si le ministre iranien a en effet laissé entendre qu'il allait être coopératif au sein de l'OPEP, le guide suprême de la République islamique, l'ayatollah Khamenei, semble avoir voulu lui tempérer la prédisposition des autorités de Téhéran à une entente avec l'Arabie saoudite fût-ce exclusivement sur le dossier pétrolier et dans le cadre de l'OPEP. C'est ce qu'il leur a donné à comprendre en s'en prenant vertement à la famille régnante saoudienne qu'il a dénoncée comme exécutrice de politique et de plan néfastes pour le monde musulman. Ce qui ne présage pas d'un rapprochement irano-saoudien à la faveur de la réunion informelle de l'OPEP à Alger. Peut-être même que les propos du guide suprême de l'Iran ont déjà plombé celle-ci.