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Un constat et des promesses

par Moncef Wafi

Près de 2.000 personnes sont mortes sur les routes du pays durant les six premiers mois de cette année. Exactement, ce sont 1.919 tombes qui ont été creusées au premier semestre, en baisse de 8% par rapport à la même période de 2015, alors que le nombre d'accidents a reculé quant à lui de presque 19%. Les chiffres font toujours mal et l'Algérie devra honorer sa moyenne annuelle macabre si les choses ne s'améliorent pas.

Ce nombre aussi important des tués de la route est dû principalement aux graves accidents impliquant les poids lourds et les bus de transport de voyageurs et qui fauchent des vies en gros, l'accident de Laghouat en est la parfaite illustration. L'audit de cette situation jette le blâme sur les jeunes conducteurs dont près de 35% sont dans 5.102 accidents de la route alors que les jeunes de moins de 29 ans sont responsables de 30% du nombre total des victimes entre morts et blessés. Les conducteurs avec un permis de conduire de moins de 5 ans représentent 50% des conducteurs impliqués dans des sinistres. Le constat est chiffré mais ne veut pas dire grand-chose sauf que la formation des nouveaux permis laisse à désirer.

Pourtant, si on milite pour la modernisation du système de formation et d'examination des candidats, il ne faut pas oublier que les plus chevronnés des conducteurs, enfin les moins mauvais, ont hérité de cette formation. Alors penser que le mal vient des auto-écoles serait réduire le problème à sa dimension primaire. Ce que les pouvoirs publics ne disent pas, ce sont ces permis de conduire de complaisance, offerts ou achetés. Cette tolérance zéro qui n'est appliquée que pour le fils du pauvre, ces routes défoncées traîtresses responsables de beaucoup de drames, cette signalisation bancale et ces limitations de vitesse incongrues. Ce que le gouvernement renie, c'est sa responsabilité pleine dans la non-application du chronotachygraphe, pourtant institué par les textes depuis 2010. Ce mouchard permet théoriquement aux services de sécurité de suivre le vécu du chauffeur en contrôlant son temps de conduite, d'arrêt et surtout de la vitesse pratiquée.

En parlant des accidents de la route, on est amené invariablement à faire le même constat, celui de l'impuissance du gouvernement à trouver une solution à ces assassins du bitume. Si la route tue, certains camionneurs et chauffeurs de bus sont des tueurs de masse et il n'y a qu'à faire un tour sur la route de Palestro pour flirter avec la mort.

Notre propos n'est pas de stigmatiser telle catégorie de conducteurs ou telle mais la réalité est palpable. Ces monstres de la route sont un perpétuel danger pour la vie des autres automobilistes et il n'y a qu'à voir la vitesse avec laquelle ils roulent pour s'en rendre compte. De là à vouloir se tuer, mieux vaut choisir une branche d'arbre solide pour s'y pendre ou boire de l'esprit de sel en guise d'un dernier digestif.