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Où est l'issue?

par Kamal Guerroua

En écoutant les incantations politiques de leurs officiels, les Algériens se sentent aujourd'hui comme embarqués dans un long conte de fées sorti directement de l'imaginaire des Mille et une nuits ! Nullement naïfs, ils ont surtout compris que rien n'allait en haut lieu d'autant que, justement, les leurs ne font que tourner en rond ! Or les signaux d'alarme clignotent de toutes parts : scandales à répétition, chantiers de réforme à mi-chemin ou complètement abandonnés, exaspération de la rue et contexte économique très critique vu qu'une grande partie de la population est dans le sixième dessous à cause de l'inflation, le chômage, l'envolée des prix des produits alimentaires, la dégradation du cadre de vie des ménages, etc. Ajoutons à cela, la pandémie de la corruption qui rampe « contagieusement » dans tous les secteurs, en défigurant le panache de l'Etat. Cette routine a fini par désespérer plus d'un et, du coup, nos citoyens ne croient désormais plus personne. Moralement intoxiquée, la patrie est en passe de monter d'un grade dans l'échelle des anomalies. Et même ainsi remanié, le gouvernement de Sellal aura du mal à tenir toutes ses promesses, gagner la confiance de la base et entretenir l'illusion de l'unité autour de son «oukaze» d'austérité. Regardons tout bonnement comment les performances économiques du pays laissent à désirer. De 194 milliards de dollars en 2014, les réserves de changes chutent à moins de 140 milliards de dollars en ce début de 2016, soit plus de 50 milliards de dollars d'épargne sont déjà perdus. D'un côté, les caisses de l'Etat se vident impactant le devenir du programme quinquennal (2014-2019) dont le budget est estimé à 262 milliards de dollars. De l'autre, à moins de 50 dollars pour le baril du pétrole, les recettes attendues seront trop maigres et compter sur les créances du fisc envers les contribuables qui s'élèvent à quelque 20 milliards de dollars pour remonter la pente n'est pas une garantie à long terme. Excédé, le Premier ministre répète la même chanson à défaut de proposer une solution qui puisse sortir l'Algérie du cul-de-sac. Est-ce à dire par là qu'il ne faudrait guère penser à une perspective hors pétrole d'ici à tout le moins 2022, et se contenter de rogner sur les dépenses publiques même au détriment de l'intérêt du citoyen? On se serre la ceinture, d'accord, mais après, c'est quoi la suite? L'austérité est un argument cousu de fil blanc pour ces couches défavorisées qui aspirent avec impatience à autre chose que le dramatique scénario des années 1990 !

 C'est facile de haranguer les foules et composer avec fierté des phrases principales sans subordonnées pour rassurer temporairement un front social inquiet et perplexe des conséquences irréversibles de la crise mais le plus dur, c'est d'apporter une touche de pragmatisme économique dans la feuille de route actuelle de la nomenklatura. Il semble que l'aréopage autour de Bouteflika veut se positionner du mieux qu'il peut pour les prochaines présidentielles, en puisant dans le registre des discours terre-à-terre tantôt contre les opposants, tantôt contre cette fameuse «main étrangère», faisant fi des véritables préoccupation sociales dans le pays, de l'avenir après-pétrole et de la dynamique de refondation socio-politique. Une régression intolérable et d'un niveau insupportable.