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Le cercle vicieux

par Kamal Guerroua

A moins de jouer à ses risques et périls un véritable numéro d'équilibriste dans cette politique «impopulaire» d'austérité qu'elle compte mener tambour battant, notre nomenklatura a vraiment très peu de chances de s'en sortir sur le plan économique sans recourir à court terme aux secours d'urgence du Fonds Monétaire International !

Et qui dit tonton FMI, parlera forcément du retour au cercle vicieux de l'endettement, oukases néo-libéraux, service de la dette, plans d'ajustement structurel (P.A.S), fermeture des usines, licenciement des travailleurs, ponction de salaires, etc.

En d'autres termes, s'engager dans le sillage de la Grèce et de l'Argentine -pour n'en citer que ces deux exemples- actuellement noyées sous l'effet des plans de sauvetage financier. Certes, le pire n'est jamais certain mais sur la seule foi de quelques indicateurs (économiques, politiques, sociaux, etc.), on peut prédire le compte à rebours de notre économie dès la fin de cette année. En rade, le régime se retrouve en cale sèche. D'autant qu'il s'est laissé aller jusqu'au point où il appelle les citoyens à se serrer la ceinture, histoire d'éviter les mauvaises surprises.

Discours populiste vide de toute substance et sans «accompagnement thérapeutique» pour guérir les causes. Car, même en osant un programme d'austérité des plus drastiques pour parer à la crise, il n'en amortira certainement pas le coût! Environ 60 milliards de dollars d'importations chaque année pour une population de presque 40 millions, devenue exigeante parce qu'habituée à l'aisance et au confort de la rente.

C'est énorme ! La facture étant donc trop salée alors que les réserves de change et le Fonds de régulation des recettes (FRR) fondent comme neige au soleil.

Enfin, ce mythe d'une économie mono-exportatrice n'est qu'une arnaque qui atermoie la solution à nos malheurs. En réalité, les exécutifs qui se sont succédé depuis l'indépendance n'ont jamais eu de programmes économiques, se contentant de gérer l'aspect idéologique en vue de contrôler les affects des masses. En étrennant quelques réformes placebo au cours des années 1990, M. Hamrouche a cassé la routine mais a fini par payer au prix fort son audace.

On ne veut évoquer ni chiffres ni statistiques en Algérie mais seulement des dogmes et slogans au ras des pâquerettes, avec une pratique renforcée de la langue de bois à tous les niveaux de la hiérarchie. Rappelons que les négociations secrètes avec les institutions financières internationales, les démarches pour s'endetter auprès du FMI, les mesures anti-populaires prises à partir de 1995 par le gouvernement Ahmed Ouyahia n'ont jamais été discutées en grand public mais décidées d'en haut par un cercle restreint, politique du tout-sécuritaire oblige.

Tout le défaut de la cuirasse du système est là. Aujourd'hui, avec cette crise d'envergure qui se profile à l'horizon, il convient de chercher les voies vers un dialogue social englobant toutes les parties même les syndicats non autorisés, lequel permettra de dégager des voies, des méthodes et des dynamiques nouvelles pour réactiver l'appareil économique grippé. De même serait-il opportun de se servir de la carte de la transparence gestionnaire, en informant le peuple sur ce qui l'attend dans les années prochaines.