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Retraite et vacances précoces

par Mahdi Boukhalfa

Voilà, on revient à la situation d'avant la grande aventure payée par le FMI, celle qui a imposé à l'économie algérienne des décisions dramatiques, douloureuses : la fermeture, alors décidée par Ahmed Ouyahia, de dizaines d'entreprises publiques jetées à la casse, et le départ en retraite anticipée de dizaines de milliers de travailleurs. Cela avait été encadré et légiféré par la loi 97-13, celle qui instituait en fait un régime de départ en retraite anticipée des travailleurs dont les entreprises, jugées économiquement non viables ou déficitaires, devaient être mises au rebut.

 A l'époque, la conjoncture en était à cette extrémité, imposée par le FMI et son plan d'ajustement structurel (PAS). Aujourd'hui, la situation économique du pays a changé, pas en bien, hélas, mais en pire. Le système de départ en retraite né des accords entre l'Algérie et le FMI en 1996, dont la retraite anticipée ou proportionnelle, n'existe plus. Il a été officiellement mis fin dimanche à ce système de retraite décidé au plus fort de la crise financière qu'avait connue le pays en 1994, lorsque l'Algérie était pratiquement en cessation de paiement et qu'il fallait notamment dégraisser à ?'tout-va'' et alléger le fardeau du déficit budgétaire avec un encours de la dette extérieure astronomique.

En juin 2016, la donne n'est plus la même et les circonstances économiques et financières ont changé. La baisse inquiétante des recettes pétrolières dans le sillage de la baisse des prix de pétrole, à moins de 35 milliards de dollars en 2016, et un assèchement continu des réserves de change, sur fond d'indigence des exportations hors hydrocarbures, ont obligé le gouvernement à aller racler les fonds de tiroirs pour trouver de nouveaux gisements financiers, dont la révision des lois sociales, en particulier le régime de retraite. Car derrière cette fallacieuse raison «d'équité intergénérationnelle» invoquée par les décideurs, il ne s'agit ni plus ni moins que de mettre un terme aux départs massifs de travailleurs en retraite anticipée ou, pis, proportionnelle. Cela donne, selon cette loi 97-13, que le gouvernement a décidé de tordre le cou aux retraités potentiels à moins de 50 ans.

 A la sécurité sociale, on a raison de dire que l'équilibre est rompu dans ce système imposé par le FMI dès lors que le nombre de cotisants à la CNR baisse dangereusement, avec une proportion alarmante de trois pour un.

 Mais, si les experts de la sécurité sociale ont bien des raisons de s'inquiéter de ce déséquilibre, il faudrait cependant au gouvernement qu'il s'explique mieux sur les moyens qu'il compte déployer pour que les travailleurs puissent toucher leur retraite sans se tenir le ventre quand ils auront 60 ans et que les pensions de retraite soient régulièrement assurées dans ce climat économico-financier de sinistrose.