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(Re) passer le bac à jeun et sous 50°C

par Moncef Wafi

Les dates de la 2e session du bac sont enfin connues et les candidats, forcés, se représenteront de nouveau aux centres d'examen à partir du 19 juin prochain. Le constat fait, l'enquête en cours et les condamnations d'usage débitées, place donc à une deuxième fournée d'épreuves qui mettront certainement des milliers de candidats sur le gril. Et ce n'est pas seulement une façon d'écrire mais la dure réalité qui attend les candidats du sud du pays face au double challenge du jeûne et de la fournaise.

Si Sellal rappelle l'exemplarité des sanctions qui toucheront les responsables de cette fuite du siècle, les candidats, eux, sont dans l'obligation de rempiler, malgré eux, pour un second tour alors qu'ils n'avaient rien demandé au départ. Ils n'étaient pas l'origine de cette fraude généralisée même s'ils ont participé à la triche. Faut-il pour autant les pénaliser ? Sur le plan psychologique, difficile de se remobiliser après une décharge d'adrénaline sur cinq jours d'examens et de trouver une mobilisation supplémentaire à même de les mettre dans les meilleures conditions psychologiques. Cette punition collective a déjà fait ses victimes parmi des candidats psychologiquement faibles, incapables de se remotiver après avoir tout donné lors du bac du 2 juin.

La décision du gouvernement semble ne pas avoir pris cet aspect humain de la situation, occultant jusqu'à l'existence des candidats. Pour Sellal et Benghebrit, le plus urgent est de redonner un semblant de crédibilité à un examen qui aura plus à gagner à être réformé en profondeur. Même l'annonce d'autoriser les retardataires à recomposer de nouveau est purement théorique du fait que l'épreuve ne concerne pas toutes les matières. Un candidat ayant raté une matière non comprise dans le programme des matières à refaire en est à ses frais.

Il aurait été plus judicieux de s'attaquer aux premiers responsables de ce scandale, connaître leurs motivations, pécuniaires, politiques ou idéologiques, les punir pour l'exemple en leur affligeant des peines de prison conséquentes, pas les deux ans avec sursis et autres effets d'annonce et puis repenser sérieusement l'école algérienne. Analyser l'apport réel des syndicats sur la bonne marche de l'école, des réformes à mener avec l'implication de tous les acteurs pédagogiques et non du ressort exclusif de la tutelle et arrêter de prendre, une bonne fois pour toutes, l'élève algérien pour un détail du décor.