Cette
semaine, le temps d'une rencontre, un petit rayon de culture s'est invité pour
ranimer la ville oubliée du fond de sa léthargie ankylosante. Tiaret a fait
l'effort de penser à l'un des siens pour lui rendre hommage et le regarder avec
fierté au milieu de tous ses amis, venus si nombreux des quatre coins du pays
pour partager avec lui des moments de bonheur. Amar Belkhodja le journaliste et auteur, arpente l'histoire de
l'Algérie dans toute sa dimension et dans toute sa profondeur, depuis plus de
quarante ans, sans jamais se résigner aux aléas inhibiteurs ni à la fatalité
pesante des hommes, pour dépoussiérer les livres abandonnés et les manuscrits
délaissés et trouver les témoins méconnus d'un passé récent, pour nous plonger
dans les délices de ses narrations. La fête était au rendez-vous, des moments
de poésie populaire, un temps de musique chaâbi
algérois, des enfants jouant au piano des airs classiques, des anecdotes dites
par des amis loquaces mais très sympathiques, des présents et des cadeaux pour
le gratifier et le récompenser pour l'ensemble de son œuvre, des photos-souvenir pour immortaliser cet instant furtif dans
la vie d'un homme? Bravo Amar, tu as creusé le
sillon, tu as semé la graine, le fruit sera là avec ces petits enfants qui
t'ont fait le serment Qassaman. Cependant, un petit
couac est venu nous interpeller pour rappeler à ces gemmules, à ces bourgeons
de bouts de chou qu'ils ne devront pas avoir ce petit complexe d'ignorer leur
langue maternelle en se présentant péniblement au public dans un français
difficile. Pourquoi tous les enfants et tous les adultes de par le monde
échangent et communiquent entre eux dans leur langue ? Pourquoi nos officiels
snobent et jasent au pays profond comme s'ils étaient chez Marianne ? Comment
voulons-nous inculquer le patriotisme et l'amour du pays aux enfants quand nous
foulons à nos pieds notre identité et pas n'importe laquelle : notre langue ?
Apprendre aux enfants toutes les langues du monde est plus que nécessaire pour
qu'ils s'ouvrent sur l'universalité et ne pas trainer
juste devant la voiture balai qui risque de les rattraper, mais ils ne
s'obligeront en aucun cas d'avoir honte de ce qu'ils sont. Comme disait un
auteur, «Il n'est pire haine que la haine de soi».