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Le résultat contraire de l'opération terreur menée par Daech

par Kharroubi Habib

Les donneurs d'ordres au sein de Daech qui ont donné consigne à leurs réseaux hors Syrie et Irak de mener des actions terroristes de grande ampleur à l'intérieur des territoires d'Etats dont les forces armées participent peu ou prou à des opérations militaires contre l'organisation ou à défaut de s'en prendre ailleurs à leurs intérêts et représentations, se sont totalement mépris sur ce qui allait résulter au plan politique de leur stratégie de la terreur.

En s'en prenant à ces Etats, et à une échelle effarante dans l'horreur et la barbare, les concepteurs de cette stratégie ont escompté que cela provoquerait une sidération telle qu'ils en viendraient à se désengager de la lutte anti-Daech en Syrie et en Irak. C'est tout simplement le contraire qui en a résulté. Les Etats ciblés par les attentats revendiqués par Daech ont réagi par le surcroît de leur mobilisation contre l'organisation terroriste et qui plus est en s'entendant pour coordonner leurs efforts et actions de guerre. Ce qui était à proprement parler impensable de la part d'Etats qui tout en combattant Daech s'en tenaient à des calendriers de géopolitique respectifs dont les divergences d'objectifs et buts faisaient qu'ils ont été réfractaires à l'idée de leur collaboration sous quelque forme que ce soit.

Loin donc que les attentats terroristes que les exécutants de Daech sont parvenus à commettre ont desserré l'étau dans lequel est prise en Syrie et en Irak l'organisation criminelle. La coordination qui s'établit entre ses adversaires va au contraire renforcer la pression sur elle. Elle sera efficace car les Etats qui en ont convenu sont maintenant d'accord qu'il n'y a plus de quartier à faire pour eux dans la lutte contre ce monstre s'appelant Daech et donc à le frapper là où cela lui fera un mal irréversible. On le constate au vu des cibles que visent les frappes aériennes que mènent leurs forces armées depuis les attentats de Paris.

Elles concernent des infrastructures de Daech dont la destruction aura des répercussions délitantes sur ses capacités opérationnelles, pas seulement au plan militaire mais aussi sur celle qu'elle a eu jusqu'alors de disposer des ressources financières lui permettant d'entretenir les combattants enrôlés sous sa bannière et de créer l'illusion qu'elle a fondé un véritable Etat. Tarir les sources desquelles Daech puise le nerf de la guerre qu'est l'argent est en effet une nouveauté dans l'action conjointe qui se mène maintenant contre elle. Cela a été tardif à s'imposer mais n'en est pas moins un bon pas qu'il faut à présent imposer comme une priorité et un impératif auxquels contraindre tous les Etats. En particulier pour ceux qui comme l'Arabie saoudite, le Qatar ou la Turquie sont soupçonnés - et c'est un euphémisme - de contribuer au financement de l'organisation terroriste directement pour les uns ou en fermant les yeux pour les autres sur des opérations visant au même but.

Le G20 dont certains de ces états sont membres a appelé à l'assèchement impératif des ressources financières de Daech. Il est à espérer que le Conseil de sécurité fera sienne la préconisation du G20 mais en des termes absolument contraignants pour les Etats qui font preuve sur ce registre d'un laxisme qu'ils observent et que leur dicte la prétendue « raison d'Etat » qu'ils défendent respectivement.