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SILENCE COMPLICE

par Yazid Alilat

La violence sous toutes ses formes a pris des proportions plus qu'alarmantes dans notre pays. A fortiori quand il s'agit des agressions multiples, autant physiques que morales, contre l'enfance. La délinquance juvénile étant par ailleurs un phénomène social qui a donné lieu à de multiples travaux de socio-psychologie et de criminologie, l'essentiel aujourd'hui pour les experts comme pour les spécialistes est de trouver des solutions urgentes, durables et au moindre coût social à ce léviathan de la violence à l'égard des enfants. En milieu scolaire, au sein de l'environnement familial, social, urbain, en dehors de l'école, partout.

Car les derniers développements de cette donnée sociologique ne sont pas sans soulever certaines questions, dont celle qui consiste à savoir pourquoi, malgré un durcissement des lois et un renforcement du dispositif pénal, les enlèvements d'enfants, hélas suivis dans certains cas d'assassinats, ont toujours lieu. Pourquoi ? Le dispositif actuel n'est-il pas assez dissuasif ? Peut-être, dès lors qu'en Algérie la peine de mort pour kidnapping n'est plus de mise, ou que cette sentence est prononcée par les tribunaux, mais n'est pas appliquée depuis au moins une vingtaine d'années. Il serait pour le moins intéressant de croiser les paramètres d'un enlèvement d'enfants suivi d'assassinats dans d'atroces conditions, comme cela avait été le cas pour les deux enfants de Constantine en 2013, et les appels répétés d'ONG pour que le gouvernement supprime définitivement la peine de mort. Le débat est cornélien.

Quelle attitude adopter, quels mécanismes sociétaux faut-il mettre en place, adopter pour faire tarir les causes et les raisons objectives de la violence inouïe contre l'enfant, dont son rapt et son assassinat ? «Un silence s'est installé, malheureusement, dans la société algérienne, dont la démission de la famille de ses responsabilités envers les enfants» kidnappés, violentés, assassinés, relevait il y a quelque temps Kheira Messaoudene, de la DGSN, pour qui «il y a un problème de comportement à l'égard de la violence contre les enfants, autant de la famille, de l'école, des enseignants». Elle résume cette terrible équation à plusieurs inconnues : «C'est une affaire de la société algérienne». Or, le secteur le plus concerné par la protection de l'enfance de la violence, c'est-à-dire l'Education nationale, est malheureusement en première ligne, là où les excès violents contre cette frange de la population sont les plus fréquents. Et qui alimentent cette dangereuse dérive, cette paranoïa de la violence au sein de la société algérienne. Le sport, la culture à l'école ? Et après, ce n'est pas nouveau, les solutions de façade n'arrangent pas l'état de déliquescence de l'école algérienne.