Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Un mois pas comme les autres

par Abbass Lamine

Une journée presque comme les treize qui ont précédé. Treize jours que ce «sacré mois» a commencé, avec des prix presque comme promis mais des Algériens tout aussi sur les nerfs que les années qui ont précédé. Dans le lot, au moins une dizaine de morts et autant de personnes en détention, pour des affaires on ne peut plus banales, qui seraient passées inaperçues dans une autre période de l'année. Le mois de jeûne est devenu, en Algérie, synonyme de «bouge ou je t'éclate la tête», car «rani sayem» ! Des situations ressenties avec intensité, une intensité qui pourrait servir à cultiver un champ, ou à creuser un puits, mais à quoi bon.

Et ce ne sont pas les exemples qui manquent ! Au marché, en voiture, au travail, ou tout simplement dans la rue. Les arguments ne manquent pas non plus: regard de travers, ou même pas un regard (ma kayametnich).

Question : Pourquoi est-on aussi prompt à dégainer ? Par ce qu'on est Méditerranéen voyons et les Méditerranéens ont le sang chaud. Ah, bon ! Méditerranéens comme les Français, les Espagnols, les Tunisiens et tous les autres quoi ! Mais, il faut reconnaître qu'on est un peu plus «Méditerranéens» que les autres Méditerranéens.

Un ami a posé cette question : Et si les Espagnols ou d'autres Européens de la Méditerranée étaient des musulmans (dans leur majorité s'entend) et faisaient le carême comme nous, se seraient-ils comportés comme la majorité d'entre nous ?

J'ai voulu répondre à cette question mais j'ai commencé à réfléchir : J'ai commencé par répondre oui, mais je me suis ravisé par peur que mon ami croit que je suis en train de dire que le jeûne est mauvais et que c'est lui qui est derrière notre comportement. Mais en répondant non j'ai eu la même hésitation de crainte que mon ami pense que je suis en train de dire que c'est nous avec ou sans carême qui sommes «trop Méditerranéens».

En fait c'est compliqué comme question et très dur comme réponse.