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La place Somoud, c'est où déjà ?

par Moncef Wafi

L'Ukraine a eu son Maïden, l'Egypte son Tahrir, la Turquie son Taksim et l'Algérie est peut-être en train d'en gagner une. La place Somoud. Elle ne se trouve ni à Alger encore moins à Oran, elle est à In ou Aïn Salah, selon qu'on est du sud ou du reste de l'Algérie. Ce qui se passe là-bas, à cause d'un accord signé avec les Américains leur donnant le droit de corrompre l'environnement et la santé des Sudistes, peut vite se retourner contre Alger. Les Nordistes, ne comprenant rien à la nature du Sahara, ont compris par contre que si le baril de pétrole continue à flancher alors que les réserves des hydrocarbures conventionnels n'ont plus que quelques années à vivre, il vaut mieux trouver une solution pour faire perdurer la rente. Et quoi de mieux que de creuser encore cette terre qui ne leur appartient pas. La terre de tout un peuple qu'une caste veut nationaliser parce qu'elle n'a aucune compétence particulière pour trouver des solutions plus viables et surtout plus écologiques pour sortir le pays de cette dépendance au ventre. La population d'In Salah ne compte pas se laisser empoisonner l'eau du robinet sur douze générations sans réagir, parce que quelqu'un a décrété à partir d'Alger que le gaz de schiste est un don de Dieu. Dieu n'a mandaté personne depuis la mort du dernier prophète à parler en son nom et c'est tout naturellement qu'on est amené à s'interroger sur cette volonté toute algérienne à vouloir lier le profane avec le religieux. Dieu a dit aussi qu'il est illicite de voler, de corrompre et de trahir son pays, alors ! A In Salah, on a mis le feu aux poudres et on a eu droit à nos propres images d'une place prise d'assaut de force. Un scénario qui n'augure rien de bon puisqu'il peut servir de matériau de propagande pour faire de l'Algérie une autre Libye ou une nouvelle Syrie. Il est grand temps pour ceux d'Alger de comprendre que l'image, d'où qu'elle vienne du territoire national, de Kabylie, de Ghardaïa, de Mascara ou de Batna peut avoir son lot de circonstances fâcheuses. Il n'est pas obligatoirement nécessaire que l'étincelle sorte de la capitale pour que les yeux du monde se braquent sur nous et que l'Algérie fasse l'ouverture des médias occidentaux avides d'un nouveau Printemps. Il suffit d'un murmure pour qu'Al Jazeera dépoussière ses studios et tourne ses scènes favorites d'un soulèvement en 3D. Alger veut impérativement prospecter son gaz de schiste pour continuer à dépenser ailleurs en distribuant une petite partie de la rente pour toujours s'acheter sa paix sociale, mais jusqu'à quand ? En attendant, on peut ouvrir des comptes Ansej à tous les habitants d'In Salah en espérant qu'ils veulent bien de cette paix vendue à prix d'ami.