Les feuilletons du gaz de schiste commencent à sérieusement enquiquiner tout le monde et leurs prolongements annoncent un péril à l'horizon. La majorité silencieuse observe ce feu dans la maison avec une lassitude certaine et se désole de constater un pouvoir qui affirme un engagement et son contraire face à des protestataires résolus à mettre en échec un projet flou. Le bras de fer se déroule à ciel couvert. Les uns convaincus que les protestations cachent une conspiration d'une main étrangère et les autres revendiquent une attention particulière pour une région laissée pour compte jusqu'ici.

L'essentiel dans ces démêlés aux contours graves et dangereux est dans la manière avec laquelle est prise en charge une question qui concerne tout le pays. Les uns comme les autres se fourvoient dans une contestation non assise sur un cadre propice à la concertation, base essentielle pour un pays qui veut avancer vers le progrès. On comprend mieux à travers ces deux feux pourquoi une nation comme la Suisse s'oblige à une votation aussi puérile qu'elle pourrait nous paraître quand l'envie lui prend de roter ou de tousser.

Des ruptures similaires entre le pouvoir et la population ont été constatées dans d'autres régions ces dernières années, en Kabylie et au M'zab et les mêmes suspicions avaient animé des confrontations meurtrières sans que ni les uns ni les autres n'en sortent gagnants n'attisant que la haine entre des Algériens. Le retour inaltérable et concerté à la décision populaire est le vrai problème de fond posé. Cette clé d'or essentielle ne peut être forgée que par des institutions démocratiques saines et solides.

En attendant et pour un retour au calme que la majorité des Algériens réclament, fatigués par les jeux de marelle politiciens, un devoir de courage devient urgent et pressant. Ou l'Algérie est dans une mélasse économique dramatique que l'on n'ose pas avouer et il faudrait alors aller au-devant de ce gaz de schiste maléfique quitte à s'allier au diable quelles que soient sa couleur et sa nationalité. Ou le pays a la faveur d'une sérénité financière à toute épreuve et décider de clore le dossier et ne plus en parler.