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Quand les fous se mettent? à avoir raison !

par El-Houari Dilmi

Faudrait-t-il que l'on se résolve, le moral dans les talons, à croire que de ce coté-ci du pays Profond, la vérité est à géométrie variable au point qu'un nématocère à Oued-peut-être est facilement pris pour un avion de chasse à Sidi Balak ? Ou alors, la vérité, sous des latitudes où le « normal » populaire est bougrement élastique, ne sortirait-elle pas que de la caboche « désincarnée » des mioches et des décérébrés ? C'est l'idée, mise à l'épreuve du temps qui passe mal, de l'implacable vérité toute nue, qu'un roitelet hypocondriaque, quelque part dans un coin paumé du pays, obsédé par la perspective macabre de perdre une bonne partie de ses sujets, menacé par un mal mystérieux. Trahi par ses vizirs aplaventristes, le petit mikado est arraché à son sommeil pour être informé tout de go que la moitié des habitants de son trône « vendu » était passée de l'autre coté de la Raison, après avoir consommé du pain vénéneux, acheté de chez le seul boulanger de la cité en perdition. Pis encore, leur folie proviendrait d'un gène si terrible que sa capacité de contagion a de quoi décimer le royaume entier, en quelques heures seulement.

Alors que proposer à la petite couronne de la cité, morte d'effroi à l'idée de perdre plus de la moitié de ses sujets, tous devenus des barjots. Les vizirs aplaventristes, mus par une envie irrépressible de « liquider » le sénile petit monarque et ses débilités avec lui, croient avoir trouvé l'idée machiavélique d'empoisonner l'autre moitié du royaume, histoire d'offrir à son crypto-altesse tourmentée, chassée de son trône piégé, un peuple de rechange, si possible sain, docile et travailleur. Passant toutes ses nuits à supplier les dieux « assoupis », le roitelet, pour éviter à ses pauvres sujets un pogrom à la Pol Pot, une autre idée plus démente lui vient à l'esprit, et avec elle, la solution radicale et sans appel de sauver la peau à son royaume décrépit d'une « extermination » ourdie par ceux-là mêmes censés le délivrer d'un naufrage annoncé. Agglutiné autour de ses vizirs interlopes, le roitelet demande, sur le champ, un trognon de pain empoisonné. La scène psychédélique se passe sous un regard de macchabée de ses faux serviteurs. Se goinfrant à pleines bouchées, à l'origine de toutes les folies, le petit roi repu, contraint, sous la menace d'une arme en caoutchouc, ses ministres en plastique d'en prendre un quignon chacun, l'un après l'autre. Se gavant tous à la graine de folie, le royaume recouvra son sourire éclatant, et ses occupants une vie des plus placides. Au point que toute la cité mourut d'un fou rire. La folle histoire ne dira pas si le petit roi a passé par les armes ceux qui ont enfourché le grand peuple, pour monter sur leurs petits instincts plus bas que leur cheville?

Seul verdict rendu par le tribunal de l'Histoire : la descendance de la race des félons est condamnée à être envoyée au diable vauvert, laissant le cheffaillon du petit royaume s'amuser avec ses grands fous? Aussi vrai que lorsque les fous se mettront? à avoir raison, il ne faut pas s'étonner de voir un jour (qui viendra) le soleil se lever à l'Ouest? Toute ressemblance avec une histoire vraie ou des faits réels n'est que pure coïncidence. A mauvais entendeur, s'abstenir...