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Mali: acte final aujourd'hui de l'élection présidentielle

par Kharroubi Habib

Les Maliens retournent aux urnes aujourd'hui pour départager les deux candidats à l'élection présidentielle encore en lice à l'issue du premier tour de scrutin. Il s'agit en l'occurrence de l'ancien Premier ministre Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) arrivé en tête, crédité de 39,7% des voix, et de Soumaïla Cissé, ancien ministre des Finances, qui s'est classé second avec 19,7%.

La victoire définitive paraît acquise à IBK car son rival n'est pas parvenu comme l'espérait son camp à fédérer sur sa candidature les battus du premier tour. C'est même le contraire qui s'est produit car entre les deux tours le camp d'Ibrahim Boubacar Keïta a affirmé avoir obtenu le ralliement de 22 des candidats parmi les 25 qui ont été en course au premier tour. Soumaïla Cissé n'a eu que ceux de l'ex-Premier ministre Modibo Sidibé arrivé en quatrième position avec près de 5% des voix et de Tiébilé Dramé, ancien ministre des Affaires étrangères, ayant renoncé à prendre part à l'élection présidentielle estimant que les conditions pour sa tenue non réunies.

Il est difficile au vu de cette donne de croire comme l'a affirmé Soumaïla Cissé que « tout repart à zéro » dans ce second tour et que celui-ci parvienne à combler l'écart de voix enregistré au premier tour entre lui et IBK. Partant donc largement favori, IBK sera à moins d'un improbable renversement de situation le futur président du Mali à qui incombera la lourde tâche de redresser son pays exsangue des suites d'une crise politico-militaire dont il a à souffrir depuis dix-huit mois.

Interrogé par un confrère sur ce qu'il allait dire durant sa campagne électorale aux électeurs pour qu'ils lui donnent leurs voix, IBK a répondu : je leur demanderais de voter pour moi parce que « je suis intègre, que je suis un patriote, que je suis un rassembleur, que je crois en la vertu du dialogue entre les fils du Mali, en la réconciliation ». Intègre et patriote, IBK le serait assurément selon les observateurs connaisseurs du sérail politique malien. Rassembleur, il semble en avoir fait la preuve en ralliant à lui pour le second tour la grande majorité de ses ex-concurrents.

Partisan du dialogue entre fils du Mali et en faveur de la réconciliation, il le semble moins en revanche pour ces mêmes sources. Sur le problème du Nord-Mali par exemple, IBK n'a pas fait preuve de ces deux vertus et a paru même hostile à l'ouverture du dialogue engagé entre les autorités de transition de Bamako et les représentants de la minorité touareg ayant abouti à l'accord de Ouagadougou. Son attitude a été décryptée comme un positionnement électoraliste en vue de s'attirer les faveurs de cette partie de l'électorat malien réfractaire aux revendications de la minorité touareg. Reste à savoir si une fois élu, Ibrahim Boubacar Keïta s'en tiendra à sa position sur cette question ou si se souvenant qu'il se veut homme de la réconciliation, il ira sur la voie de celle-ci en respectant l'accord de Ouagadougou et en convainquant ses compatriotes qui s'y opposent que les Maliens « doivent se faire confiance » et qu'ils ont « leur pays en partage toutes communautés confondues et la capacité de régler leurs problèmes de manière fraternelle ».

Les défis qui se posent au président malien élu sont immenses et ardus. Les électeurs peuvent l'aider à y faire face en lui octroyant une légitimité électorale et populaire que nul ne pourrait remettre en cause. Cela en se rendant aux urnes ce dimanche aussi nombreux et encore plus qu'il en a été au premier tour. L'Algérie, pays voisin et ami du Mali, souhaite bien évidemment qu'il en soit ainsi. Le redressement et la stabilité du Mali lui importent en effet plus qu'à tout autre Etat, car ce pays est sa profondeur stratégique et elle a avec lui des liens multiformes dont la solidarité et la pérennité ne sont pas à démontrer.