Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Le fond du problème

par Abdelkrim Zerzouri

Les autorités ont-elles les moyens pour venir à bout du phénomène des cours particuliers ? Il y a eu de timides tentatives dans ce sens par le passé, mais sans résultat probant. Pis, les cours particuliers, qui étaient l'apanage des élèves de classes d'examens, se sont généralisés aux élèves de tous les paliers de l'enseignement. A telle enseigne que les familles qui ont des enfants scolarisés incluent, aujourd'hui les frais des cours particuliers, dans le budget des dépenses financières courantes obligatoires.

Le ministre de l'Education nationale n'y est pas allé par quatre chemins pour dire tout le mal qu'il pense de ces cours particuliers qu'il a jugés «illégaux», car « ils génèrent des profits non déclarés et se déroulent dans des locaux anarchiques et non sécurisés, voire dans des garages ». Le ministère de tutelle, qui a, depuis quelques années, ouvert les portes des établissements scolaires pour dispenser des cours de soutien aux élèves dans une tentative de cerner le phénomène en question, a jeté la balle dans le camp des parents d'élèves, qui sont désignés comme responsables de cette hégémonie des cours particuliers dans le paysage scolaire. Lors d'une récente intervention devant les députés, le ministre a déclaré qu'il sensibilise les élèves et leurs parents à ne plus encourager ces cours et à placer leur confiance dans l'établissement scolaire, seul habilité à dispenser un enseignement de qualité.

En exhortant les parents à « placer leur confiance dans l'établissement scolaire », le ministre a-t-il ainsi lâché le mot qui explique cette course aux cours particuliers ? Et puis s'agit-il, vraiment, d'une affaire de manque de confiance dans l'établissement scolaire où se rendent, matin et après-midi les élèves qui pousse les parents et les élèves à se tourner vers les cours particuliers ? Et quelle place tiennent les enseignants dans cette propagation des cours particuliers ?

Ils sont au centre de ce cercle vicieux d'où il n'est pas du tout facile de sortir, et où tout le monde semble se satisfaire malgré le fait avéré que les cours particuliers d'une aussi grande ampleur aboutissent à plus d'inconvénients que d'avantages. Dont le déclassement des cours dans les classes, où les élèves ne suivent plus l'enseignant avec l'idée de tout récupérer lors des cours particuliers, et la surcharge de l'emploi du temps qui déséquilibre la répartition horaire entre études et repos, pouvant conduire au surmenage qui se manifeste souvent à l'approche de l'examen final.

Il n'existe certainement pas de solutions à ce phénomène sans aller dans le fond du problème. Cela doit passer par une réoccupation voire une réappropriation de l'espace éducatif, qui exige une profonde réforme du système des examens, dont fait partie la réforme du bac (qui rencontre des résistances ?), ainsi que la prise en considération de la fameuse fiche de synthèse (tombée aux oubliettes ?) retraçant le parcours de la scolarité de l'élève au sein de l'établissement scolaire, et qui est prise en compte dans le calcul de la moyenne générale.