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Les malheurs des bannissements

par Abdou BENABBOU

Le summum du drame vient d'être atteint pour les demandeurs d'asile en Grande-Bretagne. Un projet de loi sur leur expulsion vient d'être adopté par le Parlement britannique pour leur refoulement forcé vers le Rwanda. Les émigrés clandestins en quête de refuge deviennent des déportés, car il s'agit là d'un retour à l'ère négrière avec de surcroît la complicité d'un pays africain. Le comble dans cette saga inhumaine est que les autorités officielles anglaises ont monnayé des milliers de vies avec le Rwanda pour désintégrer la dignité humaine. Il ne manquera que les fers aux cous et aux pieds de milliers d'êtres déjà déshumanisés par la faim et la soif quand ils ne sont pas chassés par les guerres et les conflits.

La nouvelle loi britannique, supposée lutter contre l'émigration clandestine, présage l'élargissement d'une errance pour que les bagnes d'un autre temps renaissent et imposent à des désespérés les malheurs des bannissements.

Kigali a applaudi à la résurrection d'un nouveau malheur qui s'abat sur des milliers de personnes. Dans son acceptation de la nouvelle loi approuvée lundi par le Parlement anglais, elle promet de ne pas renvoyer les demandeurs d'asile politique à leurs pays d'origine. Il est fort douteux que son adhésion sera empreinte d'humanisme quand sa complicité dans ce véritable marché du siècle est basée sur une transaction financière. La vacuité de son engagement limité à un simple principe douteux ne révèle aucun éclairage sur la suite à donner sur le futur sombre des exilés. Leur devenir et leurs destinations futures sont ignorés tant il est douteux que le Rwanda soit capable d'assurer à ses nouveaux «hôtes» un cadre de vie respectable pour lequel ils ont cru devoir braver les mers.

Le danger est que ce réel marchandage d'êtres humains s'élargisse à d'autres pays pressés de se débarrasser de leurs clandestins et que s'installe une autre catastrophe humanitaire dont le monde n'a pas besoin.