Nommé le 2 septembre 2022 en tant que représentant spécial
du SG de l'ONU, le Sénégalais, Abdoulaye Bathily, a
jeté l'éponge en présentant officiellement sa démission, le mardi 16 avril,
soit après une année et demie d'efforts pour tenter de régler la crise
libyenne. Au bout, la situation a connu des hauts et des bas, plus de bas que
de hauts, qui ont poussé l'émissaire des Nations unies à se retirer, non sans
dire tout haut ce qu'il pense de la crise libyenne et des dirigeants libyens.
Des dirigeants libyens « égoïstes » qui placent « leurs intérêts personnels
au-dessus des besoins du pays», a-t-il accusé.
Considérant, dans une déclaration à la presse à l'issue d'une réunion, mardi 16
avril, du Conseil de sécurité sur la Libye, que «dans ces circonstances, il n'y
a aucun moyen pour l'ONU, d'agir avec succès ». Faut-il comprendre qu'il
conseille au Conseil de sécurité de l'ONU d'abandonner la Libye, déchirée par
une guerre civile, depuis 2011 ? Bien sûr que non, mais c'est le cas de le dire
si le Conseil de sécurité ne fait pas pression sur ces dirigeants pour les
forcer à dialoguer, afin de régler leurs différends. C'est ce qui est ressorti
d'un briefing de M. Bathily, mardi, devant le Conseil
de sécurité, dans lequel il a mis en garde contre la possibilité d'éventuelles
tensions militaires avec la présence de mouvements militaires près de la ville
de Syrte et la présence continue de groupes armés et d'armes lourdes dans la
capitale, Tripoli, qui menace l'Accord de cessez-le-feu. De profondes divisions
éloignent le processus politique d'un heureux dénouement tant attendu par le
peuple libyen. Selon le désormais ex-représentant spécial du SG de l'ONU en
Libye, les conditions imposées par les parties libyennes, les uns proposant la
formation d'un gouvernement unifié, d'autres exigent la participation du
Premier ministre du gouvernement parallèle Oussama Hammad,
alors que d'autres appellent à reconsidérer les lois électorales, compliquent
le processus d'organisation des élections. « L'égoïsme des dirigeants libyens
se fait aux dépens des Libyens et doit cesser immédiatement », a soutenu M. Bathily, pour lequel il est clairement question
d'abandonner les dirigeants libyens et non le peuple libyen Il dira, dans ce
sens, que toutes ses tentatives «se sont heurtées à une résistance obstinée, à
des demandes irréalistes, à l'indifférence à l'intérêt du peuple libyen et à un
désir (de ces dirigeants) de reporter indéfiniment les élections ». Conséquence
directe de divergences persistantes entre les principaux acteurs politiques, la
conférence de réconciliation prévue ce mois-ci à Syrte, dans le but de mettre
fin aux hostilités, a été reportée à une date inconnue. Malgré les efforts de
l'ONU et de la Communauté internationale pour réunir les antagonistes à la même
table de négociation afin de résoudre les différends et s'entendre sur une
feuille de route qui conduira le pays à la tenue d'élections et à la fin des
phases de transition, la situation n'a pas évolué vers le mieux (pour le peuple
libyen).
L'ONU va-t-elle encore se mettre à la recherche d'un
nouveau représentant spécial pour la Libye ou adoptera-t-elle un nouveau
langage envers ces dirigeants qualifiés par celui qui a laissé ce poste vacant
d'égoïstes ? Une chose est presque sûre, il sera très difficile dans ce climat
défiant d'engager quelqu'un dans ce poste qui est resté vacant durant de longs
mois, par le passé, à cause de cette valse des représentants onusiens en Libye.