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L'objectif de la dédollarisation

par Abdelkrim Zerzouri

C'est bon, on reprend le débat sur les pays potentiellement «bricsables», ou qui ont plus d'atouts d'intégrer les BRICS+. Cette organisation constituée de dix pays après son élargissement lors de son dernier sommet à Johannesburg, le 24 août 2023, à cinq nouveaux membres après la défection du sixième pays admis, en l'occurrence l'Argentine, soit l'Arabie saoudite (encore hésitante ?), l'Egypte, les Emirats arabes unis, l'Ethiopie et l'Iran (en sus du Brésil, de la Russie, de l'Inde, de la Chine et de l'Afrique du Sud). Ces derniers jours, on présente de nouveaux pays qui peuvent rejoindre le groupe. Des pays éparpillés principalement à travers deux continents, l'Afrique et l'Asie. En Afrique, on parle du Nigéria pour renforcer les rangs du groupe. Rien d'officiel pour le moment, mais le ministre nigérian des Affaires étrangères, Yusuf Tuggar, a déclaré en mars dernier à Sputnik (selon les affirmations de ce média russe) que son pays envisageait de demander l'adhésion au groupe. Un autre expert international a estimé à partir de l'université de Rio de Janeiro que l'entrée du Nigeria dans le groupe donnerait à celui-ci plus de poids, citant dans ce sens ses atouts comme étant le plus grand producteur de pétrole en Afrique, et présenté comme le membre le plus influent de la CEDEAO, situé en Afrique de l'Ouest, où les BRICS n'ont pas encore une présence forte. On voit bien que les BRICS veulent ouvrir leurs portes aux pays gros producteurs de pétrole, et ce n'est pas fortuit. Derrière ce choix ne se cache pas une volonté déterminée à mettre en place un processus de dédollarisation qui passe forcément par une stratégie de soustraire le pétrole à l'influence de la monnaie américaine. Plus de 80% des transactions pour acheter du pétrole s'effectuent en dollars, et ce, depuis l'accord conclu en 1974 entre les États-Unis et l'Arabie saoudite, qui a établi le dollar comme la devise dominante pour les transactions pétrolières, renforçant ainsi la position du dollar en tant que monnaie de référence dans le commerce international du pétrole, et la dédollarisation doit passer par cette étape d'introduction de monnaies alternatives, qui a effectivement commencé en 2018 avec le lancement par la Chine (un membre des BRICS) du petroyuan à la Bourse internationale de l'énergie de Shanghai. Mais le dollar reste toujours maître des lieux. Certains parlent également d'un élargissement aux pays asiatiques, qui ne sont pas seulement des économies émergentes mais des puissances économiques, citant dans ce sens l'Indonésie, Singapour et même le Japon, comme candidats potentiels à intégrer le groupe. Toutefois, malgré la promesse des pays membres de mettre en place des critères clairs pour l'intégration du groupe, le flou reste dominant dans le paysage, et aucun pays ne peut mesurer s'il sera demain accepté dans le cas où il introduit officiellement une demande dans ce sens.