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Des élus et le bon escient de la Cour constitutionnelle

par Abdou BENABBOU

Six élus nationaux déchus de leur immunité parlementaire n'est pas rien et surtout pas une accommodation avec un air du temps pour plaire à une galerie populaire ayant la pensée braquée sur des préoccupations non conjoncturelles. La sentence de la Cour constitutionnelle contre des «représentants» de la nation a une forte densité politique. Elle renvoie à des péripéties très délicates et arcboutées d'une Algérie aux prises avec des ères hautement délicates qui n'étaient pas loin de la faire disparaître et qui jusqu'à aujourd'hui n'a pas encore fini avec les stigmates de la décennie noire.

Il n'était pas aisé de faire face à la traversée d'une véritable guerre quand n'importe lequel des Algériens n'était pas certain, en sortant au lever du jour de chez lui, d'y retourner le soir sain et sauf. Il n'était pas non plus commode à l'époque de garantir des assises solides à des institutions nationales tant la gageure était une affaire d'hommes. Une telle lutte ne pouvait cependant s'effectuer sans offrir des brèches aux opportunismes variés pour occuper les scènes économiques et politiques. Les institutions élues n'ont pas échappé à des travers divers jusqu'à ce que des sièges soient une monnaie marchande et pour que le patriotisme et la bonne conscience ne soient pas des valeurs et des obligations exigées.

Des élus confrontés à la justice aujourd'hui sont le reflet de ces tares et fort heureusement la Cour constitutionnelle s'est appliquée à bon escient pour que le terrain politique soit déblayé. Des signes de grande ampleur sont évidents sur la scène nationale pour démontrer que la droiture devient de rigueur bien qu'elle ne fasse pas que des heureux. Les champs politique et économique ont trop été malmenés pour que le pays garde un itinéraire malsain. Dès lors, il n'est pas écarté que le lessivage va continuer.