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Le baril en phase de dévissage ?

par Abdelkrim Zerzouri

Ceux qui se sont empressés de conclure que la récente tournée du président américain Joe Biden au Moyen-Orient n'a pas obtenu de résultats probants, notamment sur le plan de l'énergie, n'ont vraisemblablement pas apprécié ce voyage à sa juste mesure. Peu de temps après cette tournée, et après la réunion mercredi dernier de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés (OPEP+), le cours du pétrole a perdu près de 3% de sa valeur. Jeudi dernier, le baril de West Texas International (WTI) ou Texas Light Sweet a chuté de 2,33% à 88,54 dollars le baril, retrouvant ainsi son cours d'avant la guerre de l'Ukraine. Le Brent a chuté, lui, de 2,74% à 94,12 dollars. Même si la décision d'introduire une quantité supplémentaire de 100 000 barils/jour le mois de septembre prochain est jugée « symbolique », voire comme une goutte versée dans le marché mondial, qui a besoin d'une quantité bien plus importante pour influer sur le cours des prix, on retient que la chute des prix du baril intervient dans le sillage de cette tournée du président américain au Moyen-Orient. Un tour de passe-passe ?

D'abord, il faut noter la hausse « surprise » des stocks américains de 4,5 millions de barils, alors que les estimations prévoient une légère baisse de ces stocks, qui ont une influence directe sur le cours du pétrole. Car les entreprises accumulent leurs stocks de pétrole en prévision de leur besoin, et ceux-ci diminuent quand la demande augmente, faisant grimper le prix du baril, et à l'inverse, des stocks importants incitent les acheteurs à recourir à moins de commandes et influer à la baisse sur le prix du baril. Reste à se demander comment les entreprises américaines ont pu augmenter leurs stocks alors que le marché mondial enregistre une très forte pression sur la demande de pétrole, depuis le début de la guerre en Ukraine ?

L'autre argument avancé pour expliquer cette chute de prix du baril a trait au ralentissement de l'économie mondiale, passant de 6,1% l'année dernière à 3,2% cette année et 2,9% l'année prochaine, ce qui pousse à la baisse de la demande sur le marché pétrolier. Si on sait pertinemment, donc, que la demande est en baisse, pourquoi alors l'Opep+ a-t-elle augmenté sa production ? Les participants à la dernière réunion de l'Opep+ ont réitéré «la forte volonté d'œuvrer pour la stabilité et l'équilibre du marché pétrolier mondial, en assurant un approvisionnement stable et régulier» du marché pétrolier, a affirmé Arkab qui a souligné que l'Opep+ suivra les évolutions et l'état du marché pour prendre, au cours de sa prochaine réunion mensuelle, prévue le 5 septembre prochain, les décisions appropriées pour préserver la stabilité et réaliser l'équilibre du marché mondial. Pour l'Algérie, la production pétrolière augmentera de 2.000 barils/jour en septembre prochain, pour atteindre 1,057 millions barils/jour, selon le ministre.

Doit-on s'attendre à une baisse de la production lors de la prochaine réunion de l'Opep+ dans le cadre du recul de la demande mondiale à l'ombre d'une croissance révisée à la baisse aux Etats-Unis, en Europe et en Chine (l'un des plus grands acheteurs de pétrole), ou gardera-t-on le même cap de la hausse « graduelle » décidée en juillet 2021 ?