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Un gazoduc qui se cherche

par Abdelkrim Zerzouri

Le projet du gazoduc qui part du Nigéria, pour alimenter les pays européens, finit-il son tracé africain en Algérie ou au Maroc ? Alors que le projet en question fait les choux gras des médias du voisin de l'Ouest, affirmant sans sourciller, que le projet de gazoduc Nigeria-Maroc est sur la bonne voie alors qu'on n'a pas levé un seul euro pour sa réalisation, et qu'il s'inscrit dans le cadre d'un partenariat stratégique entre les deux pays, conformément à la vision tracée par le roi Mohammed VI et le président nigérian Muhammadu Buhari, en Algérie on semble observer, en silence, ce qui se manigance autour de ce dossier. Pourtant, en à peine trois mois passés, en février dernier, précisément, les responsables algériens et nigérians discutaient sérieusement de la réalisation de ce projet. En septembre 2021, le ministre nigérian de l'Énergie avait laissé entendre que les choses sont bien avancées sur ce plan, révélant que le gouvernement de son pays a commencé à mettre en œuvre la construction d'un gazoduc pour transporter le gaz vers l'Algérie, qui à son tour le transportera, ultérieurement, vers les pays européens. Du côté de la Sonatrach, on a affirmé que les études techniques du projet étaient terminées, et qu'il restait l'étude de faisabilité pour démarrer l'investissement. Pour dire que les deux parties étaient à un doigt de l'entame de la concrétisation de ce projet. Que se serait-il passé durant cette courte période pour que le Nigéria se tourne vers un autre tracé du gazoduc, qui atterrirait au Maroc ?

Y a-t-il eu un quelconque désaccord entre les deux parties en cours de route, notamment sur le plan de son financement ? Parce que, ce projet ne trouverait pas meilleur chemin qu'en passant par l'Algérie, notamment à cause des facilités et des convenances offertes par l'Algérie en termes d'infrastructures à travers le réseau de transports, les stations de gaz naturel liquéfié (GNL) et les infrastructures de pétrochimie ainsi que la position géographique proche des marchés de gaz. A ce propos, les experts relèvent que «le gazoduc Nigéria ? Niger ? Algérie aura pour terminal, en toute logique, Hassi R'mel d'où partent autant les gazoducs transcontinentaux algériens vers l'Espagne, le Portugal et l'Italie, mais aussi les unités de liquéfaction d'Arzew et Skikda». On peut, donc, déduire que le coût du projet n'en serait que moindre, des investissements faciles à amortir et un temps de réalisation réduit. Peut-on dans ce contexte, comme le font certains, parler de rivalité entre l'Algérie et le Maroc, quand ce dernier n'a absolument rien à offrir pour aider à la concrétisation du projet en sus de sa position géographique? Mis à part une opération de marketing, qui n'a pas encore donné ses fruits, pour lever les fonds nécessaires à la réalisation de ce mégaprojet qui traverse la côte atlantique sur plus de 3.000 km, passant par une bonne dizaine de pays, avant d'arriver au Maroc, ce dernier ne peut pas rivaliser avec l'Algérie, qui bénéficie d'infrastructures très importantes, ainsi qu'une expertise indiscutable dans le domaine du transport du gaz.