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Comment vivre de son art ?

par El-Houari Dilmi

Il avait fait rire les Algériens... aux larmes. L'un des noms lumineux de la sphère de la comédie algérienne a tiré sa révérence après un combat épique contre la maladie. Terrible ironie du sort, l'un des animateurs du célèbre trio «Bila Houdoud» est décédé la veille de son transfert à l'étranger pour des soins plus appropriés. Les plus fatalistes s'en remettront stoïquement à la volonté divine. Comment peut-on oublier un homme de la trempe de Hazim qui a réussi l'exploit d'arracher rires et sourires aux Algériens quand ces derniers étaient plongés en pleine nuit du terrorisme des années quatre-vingt-dix ?

Hazim, comme tant d'autres artistes algériens, a quitté ce bas monde l'âme en peine. Le statut et la prise en charge des artistes dans notre pays n'ont presque jamais bénéficié de l'attention nécessaire de la part des hauts gestionnaires de la chose culturelle. La situation de précarité dont pâtissent les artistes, chanteurs, musiciens, hommes de théâtre et de cinéma reflète en réalité le mal-être de toute la société qui ne peut avancer sans un véritable renouveau des politiques publiques de la culture. Réussir à vivre de son art relève du parcours du combattant, au point que beaucoup aujourd'hui subsistent grâce à une maigre pension versée par l'ONDA.

L'Algérie est le seul pays de la région qui n'est pas encore doté d'un statut de l'artiste, en violation de la Convention internationale sur la protection des artistes à laquelle elle a adhéré en 2007. Un statut de l'artiste relève de la responsabilité de l'Etat qui doit promouvoir le rôle des producteurs de la chose de l'esprit dans la société. Ce rôle doit, en effet, être assimilé à une mission d'intérêt général ou d'utilité publique pour doter l'artiste d'un statut digne de son rang. Créer une caisse spéciale de sécurité sociale dédiée aux artistes est peut-être l'une des solutions pour améliorer la condition sociale de l'artiste.