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Comment sauver les chauffeurs de taxis ?

par Abdelkrim Zerzouri

Il fallait bien le voir arriver ce ras-le-bol des taxieurs contre les applications de VTC (voiture de transport avec chauffeur), qui ont gagné du terrain ces derniers mois à travers un foisonnement des offres et un engouement certain des clients, de plus en plus branchés sur l'outil technologique.

En sus du fait que ce problème est planétaire, puisque ces sociétés VTC, activant également sous d'autres appellations mais usant du même principe technologique, sont visibles presque partout dans le monde, notamment les pays où la percée technologique a envahi la vie quotidienne.

Commande sur Smartphone, déplacement en tout confort et vers toute destination souhaitée par le client, sécurité et intimité assurée, prix raisonnable, les applications VTC font un carton.

Les algériens sont devenus fervents utilisateurs de ces applications particulièrement durant les périodes de confinement, et l'interdiction d'activité des transports. Les applications VTC ont su, à la faveur de cette crise sanitaire, capter la clientèle et la fidéliser. Inévitablement, donc, ce qui n'était que balbutiements il y a une année ou deux, est devenu criard de nos jours avec des manifestations de colère des chauffeurs de taxis contre les applications VTC. La protesta s'organise et ne manquerait pas de faire tâche d'huile. Les chauffeurs de taxis, comme tous les professionnels du transport, ont souffert durant cette crise sanitaire, et à peine la tête de l'eau, ils se retrouvent face à une concurrence féroce qui ne leur laisse que les miettes sur la route. Et, c'est vers le gouvernement qu'ils se tournent pour revendiquer des solutions à leur peine.

Pour le moment, ils ne demandent qu'une solution qui mettrait fin à la concurrence qu'ils jugent déloyale, notamment les conditions réglementaires d'exercice de la profession de transporteur, liée pour les taxieurs à une « licence », dont la location est très chèrement payée, surtout dans les grandes villes, alors que pour les applications VTC, il suffit d'un registre de commerce est le tour est joué.

Doit-on la rendre gratuite cette « licence » ? D'autres pays qui ont vécu les mêmes problèmes ont proposé cette solution. D'ailleurs, cette licence pose chez nous d'énormes problèmes sans avoir besoin de lui rajouter celui de cette application VTC. Etant incessible, les licences des Moudjahidines décédés s'entassent dans les bureaux de wilayas de l'Organisation des Moudjahidine, créant une rareté sur le marché qui a poussé à l'envolée de leur prix de location. Cette vérité a également créé un manque de taxis service, dont le nombre est resté en stagnation, en sus du retrait des licences des Moudjahidine disparus, alors que la profession est appelée renforcer ses rangs vu le développement démographique et urbanistique. Tous ces paramètres ont permis aux applications VTC de trouver leur place dans un créneau en souffrance d'un grave déficit. Si on veut, donc, établir une concurrence dans ce domaine un tant soit peu loyale, vu l'impossibilité d'éviter dans tous les domaines d'activité de faire des victimes avec la percée technologique, il est indispensable de mettre fin à l'exigence d'une « licence » comme préalable à l'exercice de la fonction de chauffeur de taxi. Ce qui sous-entend une indemnisation des détenteurs de ces licences, bien sûr. C'est basique comme solution, car de nombreux autres points réglementaires doivent également faire l'objet d'une profonde révision dans ce nouvel environnement.