Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

L'investissement victime de maléfices

par Abdou BENABBOU

On ne sait plus comment qualifier cette peur qui tétanise la majorité des responsables administratifs censés représenter l'Etat pour accélérer une dynamique économique en encourageant les investissements. Leur indolence a dépassé le stade de la bureaucratie car au lieu de fluidifier les initiatives, ils ont endossé des carapaces pour bloquer toutes les activités normales et nécessaires du pays. Conscient de cette particulière congélation de la plupart des acteurs ayant pour mission de catalyser l'entreprenariat, le gouvernement s'inquiète et tente de corriger un tir qui cause d'énormes dégâts.

Cette lancinante situation ne date pas d'aujourd'hui. On garde toujours en mémoire l'incarcération de centaines de chefs d'entreprises du temps de l'ancien chef du gouvernement Ouyahia qui s'était emballé à couper des têtes de responsables d'entreprises parce qu'ils ont eu l'impudence de tout faire pour rentabiliser leurs sociétés. Sauf qu'à l'époque, les victimes de l'élan d'une humeur démagogique du Premier ministre ont été dans leur majorité ceux qui avaient pris des initiatives recommandables pour se conformer en parfaite intelligence à la réalité du marché. L'ignominie voulait qu'en même temps ce grand responsable s'appliquait à écouler ses lingots d'or à l'ombre du marché parallèle et que les banques algériennes fructifiaient les amitiés douteuses à coups de recommandations téléphoniques.

Aujourd'hui, malgré les encouragements gouvernementaux pour que l'esprit d'initiative sain reprenne ses droits, il est difficile de s'extirper d'une situation compliquée quand les tribunaux et les prisons sont encombrés par les effets maléfiques d'une ancienne gouvernance alimentée par des lois et leurs contraires. Il sera laborieux de se dégager d'une brume politique et économique anesthésiante n'accordant à l'investissement aucun repère crédible et solvable pour s'émanciper.

A grands maux, grands remèdes. Pour que les dits gouvernementaux du moment soient appliqués et efficients et pour que le curieux mariage entre la bureaucratie et la corruption soit définitivement rompu, l'Etat gagnerait en efficacité à imposer une législation sévère qui punirait les administrations qui cultivent l'art des bras croisés.