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Le mutisme du reclus d'El Mouradia

par Kharroubi Habib

Abdelkader Bensalah qui après avoir renouvelé le 03 juillet l'offre du pouvoir d'un dialogue sur les dispositions à réunir pour l'organisation d'une élection présidentielle honnête et transparente a, selon nos sources, fait approcher des personnalités nationales susceptibles de faire partie de l'institution nationale «collégiale et souveraine dans ses décisions» à laquelle seront dévolues les prérogatives de supervision, de contrôle et de suivi du processus électoral.

Toujours selon ces mêmes sources, les émissaire du chef de l'Etat nominal et par intérim n'ont obtenu que refus polis de la part des personnalités qui ont accepté de les entendre car il en a été que d'autres ont carrément refusé de les rencontrer. L'attitude des personnalités nationales pressenties par Bensalah en accord avec le pouvoir de fait auquel il sert d'alibi constitutionnel s'explique à l'évidence par leur crainte de se retrouver en porte à faux avec le mouvement populaire toujours dans le rejet d'une offre de dialogue émanant des symboles du régime déchu, toujours en place au sommet de l'Etat et des institutions et au premier rang desquels figure Bensalah.

En promettant dans sa nouvelle offre que ni l'Etat qu'il incarne, ni l'armée qui a prôné la démarche électoraliste pour la résolution de la crise politique et le retour rapide à l'ordre constitutionnel n'interviendront ni de près ni de loin dans le dialogue qui s'ouvrirait entre les acteurs politiques, les représentants de la société civile et du mouvement populaire, Bensalah pensait probablement avoir fait une concession au nom du pouvoir qui la prémunirait de l'humiliant échec qu'a connu la précédente. Confiné dans le palais d'El Mouradia, Bensalah constate que même si l'option du dialogue n'est plus systématiquement rejetée tant au sein de la classe politique que dans la société civile et à l'intérieur du mouvement populaire, il y a toutefois persistance du doute et de la suspicion sur la sincérité du pouvoir à ne pas vouloir interférer dans sa conduite. Preuve que doute et suspicion n'ont pas été dissipés est le fait qu'aucune personnalité nationale, aucun acteur politique ou sociétal n'a publiquement et franchement fait une réponse favorable à l'offre du 03 juillet.

L'exception évidemment des partis de l'ex-alliance présidentielle dont l'empressement à la saluer et à la soutenir n'a fait que conforter les préventions qui l'entourent. Ce à quoi contribue également le durcissement de la position du pouvoir au plan du respect des libertés tant citoyennes que collectives qui n'épargne même pas ceux qui se déclarent pour le principe du dialogue mais usent du droit d'exprimer leur divergence d'opinion avec lui sur ce à quoi doit tendre le dialogue préconisé. Bensalah qui fait déjà problème lui-même est bien en peine d'offrir les gages que réclament sur ce point les potentiels «partants» au dialogue et au premier desquels il y a que le pouvoir arrête d'intimider, réprimer et embastiller les citoyens et activistes qui ne partagent pas son point de vue sur l'option de sortie de crise. D'où le silence qu'il observe depuis le 03 juillet sur ce que devient son offre.