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Scénarii

par Moncef Wafi

Y aura-t-il oui ou non des élections le 4 juillet prochain ? Difficile d'avoir une réponse convaincante sur la question même si le discours des deux tranchées semble catégorique. Pour le pouvoir, il ne fait aucun doute que la feuille de route imposée par l'état-major de l'ANP devra impérativement passer par cette date pour éviter tout vide constitutionnel. Pour le mouvement populaire et les partis de l'opposition, ce scrutin ne peut se tenir dans les conditions actuelles. Qui aura le dernier mot puisque, apparemment, aucune des deux parties n'est prête à faire publiquement des concessions ?

Ce qui est certain, c'est que l'armée ne peut plus se cacher et cette crise a démontré, une fois de plus, tout le poids institutionnel qu'elle exerce dans la vie politique algérienne. Si la rue est dans sa logique révolutionnaire à travers des revendications légitimes bien définies d'une deuxième République avec la chute de tous les symboles de l'ancien régime et l'indépendance de la justice, l'état-major, lui, doit composer avec les éventuelles interférences extérieures qui peuvent la prendre à défaut. L'armée est loin de sa zone de confiance, jouant aux funambules tout en essayant de préserver intacts les équilibres précaires en place.

Certaines lectures affirmant que le 4 juillet ne saura être et le discours de Gaïd Salah, à propos du maintien de cette échéance électorale, n'est qu'une façade de circonstance qui cache certainement un plan B pour accompagner le hirak et éviter d'être épinglé par les instances internationales à propos d'une quelconque violation de la Constitution. Ces extrapolations prévoient le départ de Bedoui puis celui de Bensalah pour impossibilité d'organiser le vote au jour J et la mise en place d'une présidence collégiale comme suggérée par Benflis. Pourtant, et si le scénario est tentant, difficile aussi de croire que le régime se laisse facilement démonter et ses hommes de se retrouver impuissants face à l'appareil judiciaire. En attendant un éventuel coup de théâtre qu'on dit imminent, l'opposition appelle l'armée à faire preuve de patriotisme en remettant le pouvoir entre les mains du peuple et estime qu'une période de transition, en excluant les responsables de la faillite du pays, serait à même d'offrir un début de piste pour uns sortie de crise sous la houlette de l'institution militaire. Et dans cet océan de doute, la seule certitude qui reste est cette incroyable révolution du sourire qui a permis de voir les hommes du pouvoir, tout-puissants et intouchables, il y a moins de trois mois, être convoqués par la justice. Mais plusieurs vendredis nous séparent encore d'ici à les voir condamnés pour haute trahison.