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«Infox», le danger !

par Mohamed Salah

L'Algérie n'échappe pas à la vague des fake news et chaque jour charrie avec lui son lot de désinformation à large diffusion. Le sujet est traité par la très officielle Agence presse service (APS) qui reprend le dernier numéro du magazine français L'OBS consacré à la fabrication et la diffusion des fake news, appelés également infox.

Cette guerre virtuelle déclenchée contre les Etats pour des raisons géostratégiques affecte presque tout le Globe et même la puissance étasunienne reste pour le moment désarmée face à une armée de cerveaux qui passent leur temps à semer le doute et la discorde entre citoyens d'un même pays à travers la diffusion de fausses informations rendues vraies par leur partage. A ce propos, on prête cette fameuse phrase à Goebbels, le ministre de la propagande de Hitler : «Un mensonge répété dix fois reste un mensonge, répété dix mille fois il devient une vérité». Et aujourd'hui, ce n'est plus par dix mille fois que l'infox est répétée mais par plusieurs millions de fois qui finissent par consacrer une désinformation la rendant d'autant plus crédible que le travail du journaliste a fini par être dévoyé. La course au scoop, la volonté de nuire, le diktat de la concurrence font que le monde n'est plus à l'abri d'une surenchère suspecte pour le convaincre que les immigrés sont des monstres à six pattes et que les musulmans veulent peupler l'Europe pour prendre la place des chrétiens.

Devant le Sénat américain, l'ancien officier du FBI, Clint Watts, déclarait que «les mots, et non les coups de feu, lancent les guerres civiles», après l'élection controversée de Trump à la Maison Blanche. Il a appelé à «agir maintenant sur le champ de bataille des médias sociaux pour réprimer les rébellions d'information qui peuvent vite provoquer des affrontements et nous transformer en États divisés d'Amérique», ouvrant la porte grande ouverte à la mise sous tutelle des réseaux sociaux. Le cyberespace est devenu un enjeu réel de puissance où des pays n'hésitent plus à s'attaquer à leurs voisins via un réseau de «pianoteurs» dont la première mission est de provoquer l'autre en envoyant des messages à caractère haineux, raciste, pour faire diversion et frapper fort dans la cohésion sociale.

Chez nous, cette guerre des mots entre différentes ethnies est savamment orchestrée et amplifiée par des puissances étrangères qui se glissent entre les interstices pour diffuser leur venin. Les Israéliens sont passés maîtres dans ces campagnes de déstabilisation et œuvrent, en toute impunité, avec des relais internes, à provoquer les fractures entre les différences en cristallisant les peurs et les suspicions. En Algérie, cette «industrie» s'est nourrie des manœuvres maladroites du régime à museler la presse indépendante en l'asphyxiant économiquement et en favorisant des titres et des supports assimilés. La crédibilité des médias algériens en a pris un coup et l'émergence encouragée, en haut lieu, des chaînes de certaines télés privées a accentué les clivages entre l'information et la désinformation.