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L'échec a été récurrent et exige la rupture et non le rafistolage

par Kharroubi Habib

Les politiques économiques que les gouvernements successifs de l'ère bouteflikienne se sont évertués à mettre en œuvre étaient dans leur présentation censées être la traduction en actes de la stratégie arrêtée par le chef de l'Etat visant à l'émergence d'une économie algérienne qui par sa diversification et ses capacités productives de richesse sortirait le pays de sa dépendance aux rentrées financières de son seul secteur des hydrocarbures.

Près de deux décennies d'application de ces politiques, l'objectif n'a pas été réalisé et l'Algérie subit une crise financière et économique dont la gravité met en péril sa stabilité et sa souveraineté. Ce qui est la preuve flagrante de leur échec ce dont ni Bouteflika ni les hommes qu'il a chargés de leur conduite n'en admettent l'amère réalité. Pourtant l'échec n'était pas une fatalité pour l'Algérie qui au long de la gouvernance de Bouteflika a bénéficié d'un alignement d'étoiles favorable qui lui aurait permis d'atteindre cet objectif sans les secousses sociales auxquelles elle est désormais exposée. Pour seule explication à la situation d'impasse financière dans laquelle le pays se retrouve au bout du compte, le régime et les exécutants de ses politiques n'ont que celle de la raison externe qui est la perte drastique occasionnée aux rentrées d'argent que procure l'exportation des hydrocarbures, sans reconnaître qu'en s'y tenant ils justifient en creux n'avoir pas fait ce qu'il fallait quand ils en ont eu la possibilité de mettre en place l'économie alternative qui aurait atténué pour le pays l'impact dramatique qu'a sur lui la crise pétrolière.

Quand l'échec est le résultat ayant été récurrent des avatars successifs des politiques économiques pompeusement déclamées comme se conformant au programme présidentiel ayant défini la stratégie visant à doter le pays d'une économie hors hydrocarbures diversifiée, le régime et les hommes qui en sont responsables sont disqualifiés et s'ils ont une once de patriotisme devraient s'effacer et permettre les changements tant humains que programmatiques qui sont indispensables pour un sursaut national qui est la seule solution pour une sortie de la crise que leur gouvernance occasionne. Mais au lieu d'en convenir, ils persistent à se présenter comme les « sauveurs » derrière lesquels le pays doit se rassembler et accepter les remèdes dont ils concoctent les mixtures à chaque fois pourtant s'avérant inopérants et qui plus est aggravent l'état de crise en accentuant la dilapidation des quelques moyens dont dispose encore l'Algérie de se sortir de la spirale de la déchéance économique et sociale dont elle est menacée par la gouvernance à base de bricolage dont ils font montre dans la gestion de la crise nationale.

Le plan d'action gouvernemental dont le Premier ministre Ahmed Ouyahia a fait hier la présentation devant l'Assemblée populaire nationale n'est rien d'autre qu'un énième bricolage concocté dans la précipitation tendant à faire croire qu'il est le fruit d'une vision et d'une volonté s'imposant au regard des défis auxquels le pays est confronté. Ce que contredit le fait même que soit présenté au Parlement un plan d'action gouvernemental se substituant à trois mois de distance à peine de celui qu'il a entériné et présenté comme ayant formulé la panacée radicalement efficiente aux maux économiques et sociaux à l'origine de la crise nationale.