Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Comment en finir avec les injustices ?

par Moncef Wafi

Les subventions publiques seront rationalisées, a indiqué le Premier ministre tout en précisant qu'il faudra éviter les injustices. Ouyahia ne pouvait échapper à la question de la politique sociale de son gouvernement, lui qu'on accuse déjà de prêcher des lois antisociales. A l'aune du durcissement des répercussions de la crise, l'homme rassure sur le maintien de «l'ensemble des subventions en place sur les produits de base» promettant en aval une rationalisation réfléchie de ces mêmes subventions directes ou indirectes fussent-elles.

Tout comme son prédécesseur, il évoque des consultations sur ce dossier sans pour autant en dévoiler les détails. Tebboune, lui, avait clairement appelé à trouver un consensus national autour de la nouvelle politique sociale du pays. Fidèle à sa ligne de conduite, il avait annoncé le prochain lancement d'une large consultation «pour redresser l'effort social de l'Etat». Acteurs politiques, sociaux et syndicaux étaient de ce fait les futurs invités pour discuter du dossier et mettre fin ainsi à la politique des subventions traditionnelles qui consistent à supporter les produits de base, l'éducation et l'accès à l'eau et l'énergie, la santé, le logement, les retraites et enfin l'accompagnement des faibles revenus, des démunis et des handicapés.

Le gouvernement, quel qu'il soit, sait pertinemment qu'il se trouve entre deux chaises à propos du traitement de ce dossier. Explosif à plus d'un titre, il est tiraillé entre les recommandations du FMI et les exigences du peuple. En effet, la crise induite par la chute du prix du baril et soutenue par l'incapacité du gouvernement à la résoudre autrement qu'en puisant dans la poche du citoyen lambda, a un effet pervers qui ne peut échapper à personne. Plus la crise persiste et les bricolages de l'Etat avec, plus le nombre de pauvres va augmenter en Algérie ce qui conduit frontalement à une hausse des transferts sociaux, à en croire les estimations pessimistes de l'institution de Lagarde. Si à chaque fois on nous ressort les milliards de dinars injectés pour soutenir les prix de tout et de rien, les Algériens sont en droit de revendiquer leur part de la rente pétrolière.

C'est vrai qu'il existe des injustices flagrantes dans la distribution des subventions directes et indirectes mais ce n'est certainement pas de la faute de cet Algérien qui se bat chaque fois contre les fins de mois difficiles. Ce n'est pas lui qui ne paie pas son plein d'essence et ses factures d'eau et d'électricité, c'est le ministre, le haut fonctionnaire de l'Etat, le cadre de la Nation ou le demi-député qui en plus des salaires prohibitifs qu'ils encaissent et des privilèges donnés ne mettent pas la main à la poche pour payer eau et électricité. C'est cet Algérien des douars et des villages oubliés qui paye au même prix que les fortunés la baguette de pain et le litre de lait. Si on veut en finir avec ces injustices, c'est à la source qu'il faudra frapper, pas celle de la fiche de paie du fonctionnaire et du simple travailleur, mais en imposant l'impôt sur les grosses fortunes et en allant le collecter là où elles sont. Et on ose parler d'injustice !