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Le 4e round des négociations sur la Syrie menacé par l'embrouille

par Kharroubi Habib

Globalement respecté, le cessez-le-feu instauré en Syrie sous le parrainage de la Russie, la Turquie et l'Iran a permis au régime de recentrer l'essentiel de son potentiel militaire sur la lutte contre l'organisation terroriste autoproclamée l'Etat islamique avec pour objectif de lui reprendre les régions du territoire syrien qu'elle occupe. Dans cette intention, l'armée syrienne mène deux offensives simultanément, l'une à l'est de la province centrale de Homs en direction de l'antique cité de Palmyre et l'autre vers la ville de Raqqa proclamée avec Mossoul en Irak capitale du pseudo-khalifat islamique censé avoir été instauré par l'organisation terroriste.

Il ne fait aucun doute que ces offensives lancées par les forces fidèles au régime contribuent à accélérer la décomposition de l'organisation terroriste par ailleurs sérieusement mise à mal à Mossoul et sa région par l'armée irakienne en passe de l'y chasser de celles-ci. Ce n'est pas pour autant que le cessez-le-feu en vigueur en Syrie a franchement éclairci les donnes du conflit dans lequel ce pays est plongé depuis pratiquement six années et encore moins ouvert la voie à sa solution politique négociée. Il reste en effet que soit clairement déterminé qui vont être les parties syriennes prenantes aux négociations sur cette question. Celles-ci sont prévues pour reprendre demain à Genève sans que l'on sache qui d'entre ces parties en seront participantes et surtout de quoi il sera question dans la conférence.

Si comme soutenu par les parrains de celles-ci, à savoir principalement l'ONU et le trio russo-turco-iranien, il n'est pas question que les terroristes y prennent part, en seraient donc exclus le Front El Nosra classé comme tel par les Nations unies mais aussi les groupes armés qui sur le terrain font cause commune avec lui et professent la même doctrine barbare et mortifère que la sienne. Or l'embrouille est que des puissances régionales et même occidentales considérant que le Front El Nosra et ses satellites faisant du «bon boulot» en Syrie, elles tiennent à les inclure dans le processus de négociations en défendant cyniquement qu'il n'y a plus lieu de les considérer comme organisations terroristes car ayant rompu leur allégeance à Al-Qaïda. Il leur a même été fait place au sein du Haut comité de négociation (HCN) censé parler au nom de l'opposition politique syrienne auquel ils ont dicté sa feuille de route qui se résume à ne pas accepter d'autre solution du conflit syrien que celle du départ de Bachar El Assad et le démantèlement de son régime.

Les trois rounds de négociation sur la Syrie qui ont eu lieu en 2016 ont échoué car ayant buté sur cette embrouille et l'objectif que lui ont assigné ses promoteurs. La conférence d'Astana a certes quelque peu permis de faire le tri sur qui parmi les parties syriennes n'excluent pas un accord de paix mettant fin au conflit et qui y sont opposés s'en tenant à imposer la leur par le fer et la destruction. Le prétendu HCN phagocyté par les groupes terroristes qu'il présente comme «modérés» sera certainement à la manœuvre à Genève pour tenter d'imposer dans les négociations les exigences auxquelles ils sont accrochés en dépit de la réalité qui prévaut désormais sur le terrain en Syrie ayant rendu illusoire la perspective de l'effondrement du régime, ce que celui-ci a rudement démontré en leur reprenant pratiquement et presque partout en Syrie les positions desquelles ils se pensaient inexpugnables.