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La chute de Bachar vaut le sacrifice

par Kharroubi Habib

Dès le début du conflit armé en Syrie, la minorité chrétienne de ce pays a par les voix de ses porte-paroles autorisés tenté en vain de dissuader les puissances occidentales d'accorder leur soutien à la rébellion anti-régime qu'elles se sont empressées de qualifier de « modérée ». Ces puissances prétendument inquiètes de son sort dans le conflit et craignant pour elle d'être victime d'une éradication génocidaire n'ont pas entendu ses alarmes et ont tout fait pour étouffer les voix qui les ont exprimées en les présentant cyniquement comme étant acquises au régime et participant à sa propagande contre la rébellion.

Elles savaient pourtant, ces puissances, que la communauté chrétienne en Syrie n'avait rien de bon à attendre d'une rébellion dont il est vite apparu qu'elle est à prédominance islamo-djihadiste intolérante et déterminée à « nettoyer » la Syrie de toute présence de religion autre que l'islam. Cela ne les a pas préoccupées outre mesure. En réalité, le sort de la minorité chrétienne en Syrie leur importe moins que la chute du régime de Bachar El Assad qu'elles se sont acharnées à faire aboutir en enrôlant pour cet objectif les islamo-djihadistes en les affublant du titre de « modérés ». Elles l'ont prouvé en continuant à prodiguer leur soutien à cette rébellion syrienne prétendument « modérée » qui partout où elle est parvenue à prendre le contrôle de villes ou localités et zones du territoire syrien a procédé à leur véritable épuration les vidant de la présence des communautés religieuses autres que celle sunnite.

Ils n'ont pas tort les chrétiens syriens d'accuser d'hypocrites les lamentations que font entendre leurs prétendus défenseurs occidentaux qui dans le même temps arment et financent leurs bourreaux. Si ces chrétiens ont tenté de convaincre les puissances occidentales que la menace existentielle pour eux et leur religion en Syrie vient de la rébellion islamo-djihadiste qu'elles entretiennent en lui fournissant armes et argent, ce n'est pas parce qu'ils sont partisans du régime de Bachar El Assad.

Ils s'y sont résolus par connaissance de ce que préconise contre les «infidèles» et les « déviants » la doctrine salafo-wahhabite commune à la majorité des groupes armés constituant la soi-disant rébellion anti-régime «modérée».

Ce qu'ils ont subi déjà dans les localités et zones qu'occupe cette rébellion leur a en effet donné à savoir ce qui attend leur communauté et toutes celles que maudissent les salafo-wahhabites en cas où ils parviendraient au pouvoir à Damas. Perspective pour la survenue de laquelle les puissances occidentales travaillent en toute connaissance de ses conséquences pour la communauté chrétienne syrienne tout en versant des larmes de crocodile sur ce qui l'attend inéluctablement si elle se réalise. Il n'y a aucun aveuglement dans le soutien que les puissances occidentales arrimées aux Etats-Unis prodiguent au djihadisme salafo-wahhabite, mais cynique calcul que ce faisant il en résultera définitivement l'impossibilité d'une cohabitation pacifique au Moyen-Orient entre les religions. Une situation qui rendrait possible, et même l'unique alternative, la mise en œuvre du plan du Grand Moyen-Orient qui, soulignons-le, reste l'ultime objectif de la stratégie géopolitique américano-sioniste pour le monde arabo-musulman. La réussite de ce plan rend « acceptable » aux yeux de ses concepteurs le « sacrifice » des minorités religieuses y compris chrétienne. Ce qui est en train de se produire.