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Payer ou bronzer sous le soleil d'Algérie

par Moncef Wafi

La colère continue de gronder chez les Algériens qui se sentent victimes d'une arnaque tunisienne en payant la taxe de 30 DT à la frontière. L'exaspération a mené à des actions coups-de-poing de la part des touristes algériens qui sont allés jusqu'à fermer, hier, le poste frontalier de Sakiet Sidi Youcef dans le gouvernorat du Kef à la circulation automobile. Après avoir protesté en vain et observé des sit-in dans plusieurs postes frontaliers, les Algériens ont décidé de durcir le ton.

C'est difficile d'imaginer la passivité des Tunisiens devant cette action malgré que la réussite de la saison estivale se trouve presque exclusivement dans les poches des Algériens mais force est de constater que ces derniers ne veulent plus se laisser marcher sur les pieds. Oui les Tunisiens sont nos frères, on veut sauver leur tourisme mais pas aux dépens de notre bon sens. Les Tunisiens, eux, voient dans cette taxe une rentrée supplémentaire d'argent surtout en ces temps de touristes maigres. Qui a tort et qui a raison ? Les Tunisiens sont maîtres chez eux et personne ne peut leur disputer ce droit et les Algériens sont aussi libres de ne plus partir en Tunisie. De passer leurs vacances dans le pays et de boycotter les voisins. Ça aussi c'est un droit avant d'être un devoir.

Si la taxe est exceptionnelle pour les touristes, elle est pour le moins lourdement pénalisante pour les frontaliers et c'est là où le bât blesse. Que le gouvernement algérien instaure la réciprocité ne résoudra pas l'équation mais aura au moins des effets dissuasifs sur les appétits tunisiens. Mais les autorités algériennes restent étrangement aphones ne communiquant pas sur le sujet. Ni pour expliquer ni pour commenter. Silence radio sur toute la ligne, laissant les Algériens aller au charbon devant les Tunisiens. Sellal aurait dû, lui ou le ministre de l'Intérieur ou à la rigueur son homologue du Tourisme, se prononcer sur cette situation et dire qu'elle est exceptionnelle en attente de la formation d'un nouveau gouvernement tunisien, mais non !

Les Algériens seraient plus inspirés à s'essayer à des séjours domestiques mais la médiocrité des offres pousse les plus patriotes à faire leurs valises. Et décemment peut-on demander aux Algériens de passer leurs vacances dans le pays alors que des responsables politiques et hauts cadres de la nation sont vus régulièrement bronzer dans les palaces barcelonais ou faire du shopping dans les rues de Paris et de Genève aux frais de la princesse et des amis ?