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A qui profiterait l'embrasement sur le front russo-ukrainien ?

par Kharroubi Habib

En fin de semaine dernière, le président russe, Vladimir Poutine, à annoncé que les services de renseignement (FSB) de son pays ont déjoué une série d'attentats terroristes en Crimée dont, selon lui, les commanditaires seraient les autorités ukrainiennes et les exécutants des agents des services de renseignement de Kiev. Depuis, le torchon brûle entre Moscou et Kiev, Poutine ayant averti que la Russie ne va pas rester sans répliquer aux menées ukrainiennes visant à déstabiliser la situation dans la péninsule de Crimée et qui ont coûté la vie à des agents du FSB ayant participé aux opérations qui ont permis de neutraliser leurs homologues ukrainiens infiltrés qui s'apprêtaient à commettre les attentats déjoués.

La réplique russe promise par Vladimir Poutine est pour l'heure purement diplomatique et consiste en l'annonce qu'il n'est plus question d'une rencontre entre lui et son homologue ukrainien Petro Porochenko à l'occasion de la rencontre au G20 du « Format Normandie » qui doit incessamment avoir lieu. La situation risque toutefois de s'envenimer suite à la mise en état d'alerte par le président ukrainien des unités de l'armée de Kiev à la frontière avec la Crimée et avec le Donbass sous contrôle d'autorités favorables à la Russie.

L'on fera remarquer que les alliés occidentaux de Kiev pourtant au fait que la responsabilité ukrainienne dans les incidents survenus en Crimée est clairement établie par la qualité et les aveux des prisonniers entre les mains des services de renseignement russes, ne font rien qui pourrait faire baisser la tension entre Moscou et Kiev. Il se pose alors l'interrogation de savoir s'il n'ont pas en réalité intérêt à ce que s'enflamme un front ukraino-russe. Cet intérêt étant que la Russie qui marque d'incontestable point contre eux tant diplomatique -tel le rapprochement russo-turc qui vient de s'opérer- que militairement en Syrie où son intervention aux côtés du régime met en échec leur dessein de le faire tomber soit entraînée dans un conflit ouvert avec l'Ukraine qui leur donnerait prétexte à exercer sur elle des pressions de nature à l'obliger ou à leur faire les concessions qu'ils ne sont pas parvenus à lui arracher ou la pousseront à la « faute » qui serait pour elle une guerre avec l'Ukraine voisine.

En tout état de cause l'envenimement dont sont sujettes les relations russo-ukrainiennes parait avoir été sciemment planifié au vu qu'il s'est produit comme souligné à un moment où Moscou met en difficulté les Occidentaux sur plusieurs fronts et qu'il intervient tout aussi dans le moment où les candidats à la présidentielle américaine font de la position que leur pays doit adopter à l'égard de Poutine et de la Russie. Il profite trop bien à la candidate démocrate que l'on sait acquise à l'éventualité d'une confrontation plus poussée, voire même militaire avec la Russie. En accord en cela avec le président Obma qui la soutient. Il induit par conséquent le soupçon que l'administration américaine ne serait pas étrangère au plan visant à travers des provocations ukrainiennes à susciter une réaction militaire de la Russie contre Kiev ce dont elle se prévaudrait tout aussitôt pour attaquer son rival républicain Donald Trump sur la «naïveté dangereuse» de sa position concernant l'attitude à adopter par l'Amérique face à la Russie. Hypothèse qui n'est nullement inspirée par la croyance en la théorie du complot mais qu'inspire l'attitude américaine dans cette séquence d'aggravation de la tension entre Moscou et Kiev. Washington observe en effet un étrange désintérêt pour l'escalade qui risque de conduire à une confrontation russo-ukrainienne laquelle, une fois survenue, sera mise au compte de Moscou par l'administration américaine.